Une pièce de théâtre
en 1896
Fête Enfantine du 8 mars 1896
Ecole Maternelle Engremy - Voici le programme
de cette fête :
Première partie.
1. Harmonie ;
(
)
5. Les rapatriés de Madagascar ou la reine Ranavalo
à Arcachon, opérette en un acte et quatre
tableaux : soldats, marins, parqueurs, dames de la Croix-Rouge
; Danses et orchestres malgaches ; musique militaire ; Apothéose
: 58 enfants costumés, de 4 à 6 ans.
Deuxième partie
(Avenir
d'Arcachon N° 2305 du 01/03/1896)
Fête enfantine - La neuvième
fête annuelle, offerte dimanche dernier au Grand-Théâtre
par la Société de patronage des Ecoles communales
laïques d'Arcachon, a eu un succès sans précédent,
comme exécution du programme, comme concours du public,
et partant, comme résultat du chiffre d'entrées.
Les trois principales comédies ont été
interprétées d'une façon charmante.
Les Rapatriés de Madagascar font honneur à
l'infatigable patience et au très intelligent dévouement
de Mlle Roumagnac.
En somme, charmante après-midi, bien supérieure
à ce qu'on avait fait jusqu'à ce jour. La
population l'a compris en se rendant en foule à l'appel
du Comité.
Nous citerons dans le public : M. Migné, inspecteur
primaire, qui était venu de Bordeaux honorer cette
fête de sa présence : M. le Maire et sa famille,
M. le général Bourdillon, etc., etc.
(Avenir
d'Arcachon N° 2307 du 15/03/1896
|
1901 : Viendra, viendra pas ?
Visite princière - On lit dans le
journal Le Matin, du 12 mai : Le voyage de l'ex-reine de
Madagascar est définitivement décidé.
Ranavalo quittera Alger le 27 de ce mois et arrivera à
Paris deux ou trois jours après.
La durée de son séjour à Paris ne sera
que d'un mois environ, après quoi elle ira passer
quelques semaines à Arcachon.
(Avenir
d'Arcachon N° 2528 du 19/05/1901)
Plusieurs journaux ont annoncé que
la reine Ranavalo irait à Royan. Le Matin a dit à
Arcachon. L'Union Républicaine avec un grand U, annonce
que M. Veyrier-Montagnères a fait de vives instances
auprès de M. Decrais pour obtenir cette visite sensationnelle.
Est-ce bien vrai, cette blague-là ? Ce qui est sûr,
c'est que des instances ont été faites (pas
par M. Veyrier-Montagnères tout seul au moins), pour
qu'on mit à la disposition de la reine Ranavalo une
villa digne d'être offerte à une personnalité
de marque.
La reine viendra ou ne viendra pas.
Espérons qu'elle viendra.
Qui veut trop prouver, ne prouve rien.
(Avenir
d'Arcachon N° 2529 du 26/05/1901)
Une petite reine en exil, dans quelques
jours, recevra l'hospitalité de Paris
et d'Arcachon,
ajoute-t-on
S. M. Ranavalo - ou plus exactement Ranavalomanjaka
- va satisfaire l'une de ses plus chers désirs en
venant en France. Elle ne passera pas inaperçue :
sa physionomie est à souhait pour piquer la curiosité
de la foule. Elle est exotique; on lui prête des romans;
elle fut malheureuse et elle est prisonnière.
L'Algérie n'est pas douce aux souverains détrônés.
Terre conquise, elle a le mépris des vaincus. Lorsque
la reine déchue arriva de Madagascar à Marseille,
elle trouva dans la grande cité phocéenne
un accueil sympathique. On vanta sa bonne grâce, sa
beauté et sa mignardise. Elle entra à Alger
précédée de ces références.
Une foule de trente mille personnes massée depuis
le ponton de la Cie Transatlantique jusqu'au square Bresson,
le long des quais, des rampes et du boulevard de la République,
l'attendait par un soleil superbe. Quand elle parut au bras
du commandant Reibell, la curiosité aussitôt
s'accusa hostile.
Alger, ce n'est pas Marseille, Alger a l'habitude des moricauds;
Alger les traite comme ils le méritent. Les élégantes
firent la moue. Quelle toilette ! Autant un singe habillé.
Et quelle tournure : petite, le visage carré, le
nez épaté, les yeux fuyants, l'air en dessous.
Et tout de suite, nos colons, à qui n'imposent pas
les gens de couleur, de considérer que le général
Gallieni avait bien fait de se débarrasser de cette
créature, une femme, à n'en pas douter, hypocrite
et tenace, dangereuse, et qu'on ferait bien de surveiller.
(...)
Ranavalo, l'ex-reine de Madagascar est
arrivée à Marseille le 29 mai, à une
heure quarante-cinq, par le Général Chanzy,
de la Compagnie Transatlantique. Elle était accompagné
de Ramazindrazana, sa tante, de la petite princesse Marie-Louise,
sa nièce ; de Mme Delpeux, sa dame de compagnie,
et d'une femme de chambre.
M. Louis Lemaire, délégué du ministre
des colonies, est venu la recevoir à l'arrivée
du navire.
(...)
M. Ranaïvo, qui est sur le point de terminer à
Paris ses études de doctorat en médecine,
et qui restera, ainsi que M. Lemaire, attaché à
la personne de la reine pendant son séjour en France,
servait d'interprète.
(...)
Le séjour de Ranavalo en France sera de deux mois
; un mois à Paris et un mois à Arcachon, dont
la station lui a été recommandée pour
sa santé.
Ranavalo est partie le lendemain matin pour Paris par le
rapide de neuf heures.
C'est probablement en juillet, qu'elle viendra à
Arcachon ; on dit à la villa Peppa.
(Avenir
d'Arcachon N° 2530 du 02/06/1901)
|
1901 : Viendra
La Reine Ranavalo - Le journal de M. le
Maire l'Oignon réactionnaire, dit en première
page : " Que c'est aux actives démarches de
M. Veyrier-Montagnères, que nous devrons la villégiature
à Arcachon, de S. M. la reine Ranavalo. "
On lit dans la même feuille en deuxième page
: " Le séjour de Ranavalo en France sera de
deux mois ; un mois à Paris et un mois à Arcachon,
dont la station lui a été recommandée
pour sa santé. "
C'est à n'y rien comprendre.
Est-ce à M. Veyrier-Montagnères, est-ce au
climat que nous devrons la visite de Ranavalo ?
Le journal est inexplicable dans ces contradictions. A défaut
de Ministre, la reine vient-elle pour sa santé ou
pour M. Veyrier-Montagnères ?
L'explication suivante nous paraît plus plausible.
" Chaque fois qu'on lui parlait de la France, l'ex-reine
de Madagascar manifestait un très vif désir
de connaître notre station, la raison en est curieuse.
En 1896, Mlle Roumagnac fit jouer, au Grand-Théâtre,
au profit de la Société de patronage des écoles
laïques, une pièce intitulée : Ranavalo
à Arcachon.
Le succès de cette représentation eut un retentissement
considérable ; les journaux de la région en
publièrent des comptes-rendus très élogieux.
Or, des commerçants de Madagascar, en rapport avec
des maisons de Bordeaux et recevant les journaux de cette
ville, communiquèrent les numéros en question
à des dignitaires de la Cour.
Traduction en fut faite à Ranavalo qui prit pour
une imposante manifestation de sympathie populaire la pièce
due à l'imagination ardente de l'intelligente et
sympathique directrice de l'école Engrémy.
"
Et voilà pourquoi l'on pourra chanter : " Ranavalo
est parmi nous ! "
(Avenir
d'Arcachon N° 2531 du 09/06/1901)
La reine Ranavalo - Quand la petite reine
Ranavalo aura été bien fêtée
par les Parisiens, elle viendra à Arcachon.
Que dis-je à Arcachon ? On prétend que M.
Veyrier-Montagnères a fait des démarches pour
qu'elle vienne à Moulleau : on nomme même la
villa de Moulleau où elle doit descendre : une villa
louée depuis plus d'un mois déjà à
locataire inconnu ; la villa Alba peut-être ; et ce
locataire inconnu ne serait autre que l'ex-reine de Madagascar.
Tu parles ! si ce serait de bonne réclame pour Moulleau.
La villégiature royale s'effectuerait en juillet,
alors que nous serons dans le feu des élections pour
le Conseil d'arrondissement.
Ce sera toujours une chance qu'elle fasse élection
de domicile chez nous. Cela peut accroître le nombre
de nos visiteurs, ne serait-ce que des reporters, qui feront
gémir le télégraphe, pour tenir Paris
au courant, des moindres faits et gestes de Sa Majesté
malgache.
(Avenir
d'Arcachon N° 2533 du 23/06/1901)
La Reine Ranavalo - Le 22 juin, un journal
du matin, annonce gravement qu'un sportsman des plus connus,
membre du Parlement, possesseur d'une grosse fortune et
veuf depuis quelque temps, a, hier, fait demander officiellement
sa main à Ranavalo, ex-reine de Madagascar.
Nous attendrons pour y croire que la nouvelle soit confirmée.
Dans tous les cas mariée ou pas, nous souhaitons
que sa majesté malgache nous honore de sa visite
cet été, comme l'ont annoncé tous les
journaux de Paris et de la Province.
(
)
On lisait dans la Petite Gironde du 28 juin :
" Nous apprenons de source officieuse que la reine
Ranavalo, accompagnée de sa suite, partira pour Arcachon
dimanche prochain. Elle descendra, dans cette ville, au
Grand-Hôtel, où un appartement serait retenu
à son intention par les soins du gouvernement. "
- En effet, c'est dimanche 30 juin qu'arrivera la reine
Ranavalo.
L'appartement retenu au Grand-Hôtel est celui du second
dans l'aile Est, qui donne d'un côté sur le
Bassin d'Arcachon, des fenêtres on aperçoit
Arès et toute la côte jusqu'à Gujan-Mestras
; de l'autre côté sur la ville d'été,
dont le panorama se déroule adossé à
la forêt de pins, qui sert de cedre verdoyant au tableau,
où émergent le Casino Mauresque, le Belvédère,
l'Eglise Notre-Dame.
La série de ces appartements est desservie d'un côté
par un vestibule spacieux, éclairé par de
grandes fenêtres ; de l'autre, garnie de balcons devant
toutes les pièces, qui toutes ainsi communiquent
sans se commander.
La chambre de la reine ouvre d'un côté sur
un très vaste salon ; de l'autre, sur une autre chambre
destinée à la petite princesse Marie-louise
et à sa gouvernante, Mme Delpeux.
Ensuite de celle-ci, vient la chambre de la tante de la
reine, la princesse Ramassinraza.
Toute l'aile Est est ainsi occupée ; et le vestibule
dont nous parlions tout à l'heure se prolongeant
dans le corps principal du Grand-Hôtel, dessert les
chambres de la suite de la reine.
Une pièce est affectée à M. Lemaire,
fonctionnaire du gouvernement, qui accompagne la reine ;
une autre au docteur Ranaïvo interprète.
Viennent ensuite les chambres du personnel, une pour femme
de chambre, l'autre pour valet de chambre.
Nous n'avons plus qu'à former les vux les plus
ardents pour que la reine Ranavalo emporte un aussi excellent
souvenir d'Arcachon, que les personnages célèbres
qui, à diverses époques, ont honoré
de leur visite notre élégante station.
(Avenir
d'Arcachon N° 2534 du 30/06/1901)
|
1901 : Elle est là
Avant de quitter paris, la reine Ranavalo
a été reçue par M. et Mme Loubet.
Elle est arrivée dimanche 30 juin à Bordeaux,
gare St-Jean, par l'express de sept heures quatre du matin.
Ranavalo est descendue au Terminus où elle a pris
un léger repas ; puis, à sept heures cinquante-sept,
elle est remontée ne wagon et est partie pour Arcachon
avec sa suite.
Quelques curieux étaient sur le quai. Aucun incident
ne s'est produit.
Par l'express de 9 heures 12, elle est entrée en
gare d'Arcachon, accompagnée de sa tante, la princesse
Ramassinraza, de la petite princesse Marie-Louise, de Mme
Delpeux, gouvernante ; du docteur Ranaïvo, interprète,
et de M. le lieutenant Bruyère, envoyé du
gouvernement.
Sur le quai de la gare se tiennent le maréchal des
logis et sa brigade, M. le Commissaire de police et ses
agents, M. Ferras, directeur du Grand-Hôtel ; les
membres de la presse locale et une assistance assez nombreuse.
A la descente du wagon, la reine, qui porte un manteau de
voyage couleur beige, un chapeau mousquetaire à plumes
noires, prend le bras du lieutenant Bruyère. La petite
princesse Marie-Louise, nu-tête, sourit à la
foule, à l'air très éveillé,
et nullement effrayée par l'orage qui vient d'éclater
avec pluie abondante. Elle donne la main à Mme Delpeux.
Pour gagner la cour de la gare, la reine traverse une foule
nombreuse ; on se découvre, elle rend les saluts
par une inclinaison de tête. Le docteur Ranaïvo
donne le bras à la princesse Ramassinraza.
La reine monte dans le premier Landau avec les autres dames.
M. le Commissaire de police monte sur le siège. Dans
le deuxième landau prennent place M. le docteur Ranaïvo,
M. le lieutenant Bruyère et M. Ferras.
Les voitures se rendent au Grand-Hôtel, où
les appartements ont été retenus depuis l'avant-veille.
Cet appartement est celui du second, dans l'aile Est, qui
donne sur le bassin.
L'aspect de la reine est intelligent et même heureux
; sa physionomie indique qu'elle a conscience d'une certaine
grandeur, son attitude et ses allures sont plutôt
distinguées ; ses regards son vifs, sa démarche
est fière et ne manque pas de grâce.
Dans l'après-midi de dimanche, Ranavalo n'est pas
sortie ; le temps était d'ailleurs très incertain.
A deux heures, elle a demandé une tasse de thé
; à quatre heures, elle a reçu la visite du
maire.
Lundi matin elle a reçu la visite du docteur Bourdier,
recommandé sans doute par M. Veyrier-Montagnères
; dans la journée, la visite de la Comtesse du Bouzet.
Ranavalo et les cinq personnes qui l'accompagnent, déjeunent
dans le grand restaurant vitré de l'aile Est du Grand-Hôtel
; elle voit de là les deux steam-yachts Sita à
M. Leverd et Wild-Wave à M. de Georges.
Après déjeuner, elle joue quelquefois au billard.
Lundi, à 3 heures et demie, la reine et sa suite
sont sortis en landau et en victoria, visiter le Casino,
l'hôtel Continental en forêt, et la ville d'Hiver.
Mardi, la reine Ranavalo est allée prendre le thé
à 3 heures de l'après-midi, au Grand-Hôtel
de Moulleau. Ses promenades en voiture (et toujours accompagnée
de M. le lieutenant Bruyère délégué
du Ministre des colonies), durent une heure environ. D'ailleurs
le temps, coupé d'ondées continuelles, est
loin d'être agréable ces jours-ci. La petite
princesse Marie-Louise est sortie avec Mme la Comtesse du
Bouzet et sa fillette. Mme du Bouzet, qui avait connu Ranavalo
à Alger, est autorisée à la voir, et
lui avait envoyé, dès son arrivée,
une belle gerbe de fleurs.
Le soir, après dîner, au grand-Hôtel
d'Arcachon, l'Union Orphéonique dirigée par
M. Chavan a chanté dans le Hall central de 9 à
10 heures : La Voix des Sapins de Paliard ; Les Pêcheurs
de Rougnon ; Jalouse nuit, chanson du duc de Guise transcrite
par Laurent de Rillé ; et Hymne à la nuit
d'après Rameau, par L. de Rillé.
Ranavalo qui est musicienne et a un piano dans ses appartements,
a applaudi ces quatre morceaux et remercie en français
qu'elle parle très suffisamment. Sa tante Ramassinraza
ne parle que malgache. La petite Marie-louise s'exprime
très bien en français, mais tutoie toujours
en parlant.
M. le lieutenant Bruyère assistait à cette
audition musicale.
A dix heures, Ranavalo est remontée dans ses appartements.
Jeudi la reine a fait à pied de 10 heures à
midi, une promenade sur la plage. Toujours gaie et souriante,
elle aime beaucoup ces sorties pendant lesquelles elle se
prête complaisamment aux indiscrétions des
amateurs photographes.
Pour la première fois ici, elle a fait une promenade
sur mer, à bord de la tillole Anne-Marie, patron
Louis Beaupuy, matelot Duvaché.
Partie à trois heures avec sa suite, elle a visité
le port de La Teste, est allée jusqu'à la
place où se trouve la statue Jean Hameau. La population
lui a témoigné des sentiments de respect que
sa bonne grâce et son air affable ont toujours provoqué
sur son passage.
Elle est rentrée à 6 heures au Grand-Hôtel,
enchantée de son excursion.
(
)
(Avenir
d'Arcachon N° 2535 du 07/07/1901)
La Reine Ranavalo - Le vendredi 5 juillet,
la reine Ranavalo a fait, à pied, une promenade sur
la plage de dix heures à midi. Habituée aux
curiosités de la foule, elle prend part, avec beaucoup
de naturel, à tous les petits jeux de la plage.
A trois heures, à bord de sa tillole attitrée,
Anne-Marie, elle est allée visiter les parcs aux
huîtres, où elle s'est fait expliquer la série
de travaux que comporte l'industrie ostréicole. Les
costumes des parqueuses très originaux et souvent
très gentiment portés, l'ont beaucoup amusée.
Ces promenades journalières, soit en voiture, soit
en bateau, semblent bien remplir le but qu'elle s'était
proposé, de se reposer des fatigues de la capitale.
Dans toutes ses soirées, la princesse sa tante, le
lieutenant Bruyère, et le docteur Ranaïvo, interprète,
l'accompagnent. D'un aspect d'abord un peu froid, la princesse
Ramassinraza sait, par la justesse de ses réflexions
et un grand fond de bonté, conquérir l'estime
de tout l'entourage de la Reine.
- Samedi matin, promenade sur la plage. Comme une dame braquait
son objectif, la reine souriante lui dit : " Ah ! je
vois que vous voulez me photographier ; alors je ne bouge
plus ! " On n'est pas plus aimable.
A deux heures, le Maire est venu avec le steam-yacht Pi-Ouit
de M. Picon, offrir à la Reine une promenade sur
l'eau, lui faire visiter le Phare et le Cap-Ferret ; un
lunch a été servi à bord.
A 6 heures, retour au Grand-Hôtel.
Ces jours-ci, la jeune princesse Marie-Louise a fait connaissance,
au Grand-Hôtel, d'un petit ami, M. Henri H
de
Montpellier. Elle s'amuse beaucoup avec lui et dit qu'elle
ne veut plus le quitter.
Tous les jours, depuis samedi, la Reine et sa suite prennent
leur bain dès 7 heures du matin.
Dimanche matin à 10 heures, Ranavalo est allée
au temple protestant. Elle portait une très jolie
toilette de satin noir, grand chapeau à plumes noires.
Elle a été introduite au temple par M. Audap,
vice-consul d'Angleterre.
Revenue déjeuner au grand-Hôtel, elle a joué
ensuite une partie de dominos avec le jeune du Bouzet.
A deux heures, M. le maire est venu l'accompagner dans une
visite à bord du Lysistrata, le lieutenant Bruyère
était en uniforme.
Elle a été très gracieusement accueillie
par M. Gordon-Benett qui lui a offert le bras, a fait servir
un lunch, et après la visite l'a reconduite lui-même
à terre.
Toujours accompagnée du maire, elle est allée
visiter l'aquarium où elle a été reçue
par M. le docteur Lalesque, président de la Société
Scientifique. Des explications lui ont été
fournies sur le musé par le docteur Sellier.
A sa sortie une foule considérable entourait la voiture.
Le public saluait avec déférence.
A 4 heures et demie, Ranavalo prenait le thé à
la villa Sélika, chez la comtesse du Bouzet et rentrait
à 5 heures au Grand-Hôtel.
Le soir après dîner, elle a fait sa traditionnelle
partie de dominos avec M. le lieutenant Bruyère et
le docteur Ranaïvo.
Lundi matin à 10 heures, elle a reçu la visite
de M. le général Bourdillon, visite qui a
duré vingt minutes ; la conversation a roulé
sur les charmes d'Arcachon au point de vue climatérique
et pittoresque de la station balnéaire.
Mardi soir à 9 heures, dans le Hall du Grand-Hôtel,
brillant concert auquel assistait la reine Ranavalo en jolie
toilette de damas blanc relevé de dentelles, M. le
lieutenant Bruyère, la princesse Ramassinraza, le
docteur Ranaïvo, et dans une assistance de plus de
cent personnes : familles de Gères, Léopold
Escarraguel, Chabanneau, Tabuteau des Touches, Dignac de
La Teste, baronne de Montalent, docteur et Mme Sémiac,
marquise de St-Aulaire, docteur Pouys, Mme de St-Martin,
M. et Mme Haguenot, M. de Koutousoff, Mme Zarifiopoulo,
etc.
On a applaudi des meilleurs artistes de la station : Mlle
Brianne qui a chanté Fabliau, de Paladilhe ; Un chagrin,
d'Estainville, avec M. Ducaud-labadie ; le duo d'Hamlet,
d'A. Thomas ; le duo de Thaïs, de Massenet, et avec
Mme Blot, le duo de La Vierge, de Massenet. Mlle Blot a
joué avec charme un morceau de mandoline. M. Ducaud
a chanté : Pauvres fous, de Tagliafico ; l'air de
Vulcain dans " Philémon et Beaucis " de
Gounot ; le Bon Gîte de Déroulède. Mme
Blot a chanté : Je suis à toi, de Gounot ;
Sérénade, de Thomé ; Chagrin d'amour,
de Martini ; Jérusalem, de Gounot. Accompagnement
par M. Chavan et Mme Dasté.
Ce concert vocal et instrumental a pris fin à onze
heures.
(Avenir
d'Arcachon N° 2536 du 14/07/1901)
Il y a quelques jours, à bord du
joli steam-yacht l'Oasis, la reine Ranavalo a fait une promenade
sur le bassin, et s'est rendue à la villa Algérienne
dont le propriétaire, M. Léon Lesca, lui a
fait les honneurs, avec sa distinction et son affabilité
habituelles.
(Avenir
d'Arcachon N° 2537 du 21/07/1901)
Dimanche 21 juillet, la Reine Ranavalo
est allée en bateau faire le tour de l'Ile aux Oiseaux.
Lundi, l'ex-reine de Madagascar abandonnant pour un jour
sa villégiature d'Arcachon, est allé visiter
Bordeaux. A dix heures, le matin, une dépêche
émanant du Grand-Hôtel d'Arcachon disait au
restaurant du Capon-Fin d'envoyer à la gare St-Jean
un landau, bon et confortable, au train qui arrive à
onze heures trente-deux, puis de retenir une table de six
couverts.
Après un excellent déjeuner, la reine et sa
suite ont parcouru Bordeaux en voiture.
C'est d'abord le Grand-Théâtre qui a été
visité ; puis les Quinconces, le Jardin-Public, la
place Gambetta, la Cathédrale, le Pont, les Quais,
etc.
Promenade que la reine a trouvée très agréable,
d'autant plus qu'elle a pu l'effectuer dans l'incognito
désiré. Elle est repartie pour Arcachon à
cinq heures quinze par le rapide 69.
Mardi Ranavalo a été déjeuner chez
Mme la maréchale de Saint-Arnaud.
Parmi les convives : M. le Maire, comte et comtesse de Lestrange,
docteur et Mme Bonnal, etc. Dans l'après-midi, elle
a assisté au concert quotidien donné par l'orchestre
du Casino au Grand-Hôtel.
Mercredi, veille du jour où prend fin sa villégiature
à Arcachon, elle a distribué quelques photographies
aux personnes qui lui ont été le plus sympathiques
; telles M. et Mme Léon Lesca, M. le général
Bourdillon, Mme la comtesse du Bouzet, Mme Landru, Mme Ferras
et à plusieurs dames du Grand-Hôtel. Ces photographies
sont signées par elle : Ranavalona.
L'ex-souveraine avait demandé que la pièce
dont elle faisait l'objet et qui fut jouée en 1896,
au Grand-Théâtre, par l'école maternelle
Engrémy. Le manuscrit n'existant plus, on lui en
avait remis une analyse qu'elle s'est fait lire plusieurs
fois, d'abord en français, puis en malgache pour
en mieux pénétrer le sens. Certaine scènes
l'ont beaucoup amusée ; les vers de la fin l'ont
même touchée. De vive voix, elle a chaleureusement
remercié l'auteur, Mlle Roumagnac, et lui a offert
son portrait, au bas duquel elle a écrit quelques
lignes aimables.
Jeudi 25 juillet, par l'expresse de 5 heures 7 après-midi,
la reine a quitté Arcachon où elle espère,
dit-elle, revenir, car elle en emporte un excellent souvenir.
Elle était accompagnée, du Grand-Hôtel
à la Gare par M. le Maire et M. le général
Bourdillon.
Beaucoup de monde sur le quai de la gare et devant le wagon-salon
qui porte cette mention : "Réservé jusqu'à
Marseille".
A peine est-elle dans le wagon, qu'il lui est apporté
une corbeille de fleurs naturelles donnée par le
Grand-Hôtel, et aussi des gerbes et bouquets de fleurs
offerts par des dames. Le train s'ébranle, la foule
se découvre, on crie : " Vive la reine ! "
. Celle-ci répond : " Au revoir ! "
Ranavalo se rend à Marseille où elle passera
deux jours. Jusque là seulement elle est accompagné
par MM. le lieutenant Bruyères et le docteur Ranaïvo,
interprète, qui la quitteront à Marseille
pour retourner à Paris, leur mission ayant pris fin.
Ranavalo s'embarquera le 28 pour Alger, où elle retourne
habiter sa villa : Le Bois de Boulogne, située à
Mustapha ; dans cette même province, où nous
détenons un autre prisonnier illustre, Ham-Nghi,
le roi de l'Annam.
(Avenir
d'Arcachon N° 2538 du 28/07/1901)
|
Elle est partie
L'événement saillant de
la saison estivale arcachonnaise, a été
la visite de l'ex-reine de Madagascar. Cette dernière
avait entre toutes les villes d'eaux françaises,
choisi Arcachon comme séjour, pour les vacances
que le Gouvernement lui offrait.
Nous nous faisons un plaisir de reproduire la poésie,
qui lui fut adressée, à cette époque,
pour une uvre enfantine de l'Ecole maternelle Engrémy
:
Salut, Ranavalo ! Salut gentille Reine !
Le soleil d'Arcachon, comme à Madagascar,
Fait briller sur tes traits ta Majesté sereine
Semant de diamants ta robe de brocart.
Nous aimons ta tournure et ta grâce onduleuse,
Ta noire chevelure et tes yeux noirs moqueurs,
Ton sourire d'enfant, ta taille harmonieuse,
Ton air affable et doux qui gagne tous les curs.
Tu trouveras chez nous la terre hospitalière,
Où toute âme grandit en pleine liberté.
Du palis somptueux et de l'humble chaumière
S'envole en chant d'amour ce cri : Fraternité !
Va ! Ne regrette rien. Sois à jamais Française
!
Adopte les couleurs de notre cher drapeau.
Aime notre pays, car tout chagrin s'apaise ;
Le sceptre pour la femme est un bien lourd fardeau.
A toi, donc, les vertus qui donnent la vaillance !
Si tu veux d'heureux jours, au destin soumets-toi.
Et Reine par la grâce et par la bienveillance,
Tu verras tous les curs se soumettre à ta
loi.
Du chaleureux accueil que l'on te fit en France
Garde, comme un joyau, le charmant souvenir.
Si notre sympathie adoucit ta souffrance,
$Sois une sur pour nous, espère en l'avenir
!
Souviens-toi quelquefois d'Arcachon la charmeuse,
Notre désir serait, nous t'en faisons l'aveu,
De te garder longtemps, aimable visiteuse,
Et de mettre en ton cur un coin de son ciel bleu.
Une Arcachonnaise.
(Avenir
d'Arcachon N° 2548 du 06/10/1901)
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Elle se marie
On se souvient qu'il y a trois ans, la
Reine Ranavalo a passé au Grand-Hôtel d'Arcachon
un mois de vacances. A ce propos nous lisons dans le Matin,
n° du 26 novembre :
" Après le prince d'Annam, Ham-Nghi, de qui
nous avons relaté le récent mariage avec Mlle
Laloé, fille d'un magistrat de la Cour d'appel d'Alger,
voici la reine Ranavalo qui va, dans quelques jours, convoler,
dit-on, en justes noces. On annonce en effet qu'elle va
épouser un Français, M. Garnier, avocat à
la Cour d'appel d'Alger, déjà nommée.
Notre sympathique " prisonnière " qui,
l'année dernière, vint nous visiter au Matin,
va conquérir, de ce chef, la qualité de Française.
" A cette occasion, une question immédiatement
se pose : Que fera le gouvernement si le nouvel époux
de sa majesté déchue, usant des droits absolus
que lui confère M. le maire, voulait, en compagnie
de sa femme, quitter la résidence d'Alger, assignée
par décret ministériel à l'ex-reine
de Madagascar ?
" Au premier coup d'il, la question, ainsi libellée,
paraît des plus compliquées. Mais, à
la réflexion, il n'y a pas là matière
à discussion pour nos jurisconsultes, car le cas
est d'ordre purement politique, et il ne saurait en résulter
le moindre litige au point de vue du droit.
" C'est, du reste, l'opinion d'un professeur de la
faculté de droit, que le hasard d'une rencontre a
amené à nous faire les observations suivantes
:
" - Il est évident que la mesure d'ordre public
prise par le gouvernement à l'égard de la
reine Ranavalo ne cessera jamais de peser sur cette dernière,
tant que le gouvernement lui-même ne l'aura pas rapportée.
Ni par son mariage avec un citoyen français, ni par
quelque autre moyen que ce soit, la reine Ranavalo ne saurait
échapper aux interdictions qui la visent, pas plus
que les droits acquis par un homme libre contractant mariage
avec une prisonnière de droit commun ne peuvent faire
tomber la contrainte qui maintient celle-ci en prison.
" Mais il est possible et même probable que le
gouvernement lèvera l'interdiction qui pèse
sur l'ex-reine de Madagascar, s'il estime que le caractère
du mari offre une garantie suffisante pour que les éventualités,
auxquelles cette interdiction prétend parer, ne soient
plus à craindre. A ce point de vue même, le
gouvernement n'aura-t-il pas avantage à voir sa prisonnière
politique devenir Française par son mariage avec
un Français ?
" Le mariage de la reine Ranavalo ne saurait donc fournir
prétexte à un remaniement du code. "
(Avenir
d'Arcachon N° 2713 du 04/12/1904)
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