Les villas du bord de l'eau
Les villas, au bord de l'eau, entre la jetée
de la Chapelle et le domaine Pereire étaient somptueuses;
souvent énormes, pas forcément belles, elles
offraient à leurs propriétaires tout le confort
dont ils pouvaient rêver et un cadre prestigieux pour
les incroyables fêtes qui se donnaient. Une des villas
que vous allez voir servait de quartier général
au Rotschild, lancés tout l'été dans l'entre
deux guerres dans des régates impitoyables de 6 mètres
Jauge internationale. Vous verrez aussi la villa Renesse qui
dans un incroyable mélange de style offrait une salle à manger
flamande, un bureau empire et une chambre Louis XV à des
amants richissimes, la comtesse de Renesse et le prétendant
au trône d'Albanie...
Je dois à un historien d'Arcachon, Jean Pierre Ardoin de Saint Amand,
fin connaisseur de la ville et esprit acéré, de pouvoir vous
raconter l'histoire de la Villa de Renesse. Et je ne peux m'empêcher
de citer ici quelques unes des phrases qu'il m'a envoyées en conclusion
de la triste histoire de cette villa:
"L'architecte retenu pour dessiner l’immeuble qui devait remplacer cette villa prit conscience de sa lourde responsabilité et pour remplacer une des plus belles villas d’Arcachon mit un point d’honneur à dessiner l’immeuble le plus laid de la ville. Cet immeuble est une véritable insulte à l’architecture (...) Aujourd’hui, il faut préserver cet immeuble qui est le symbole d’une époque. Il faudra un jour lui adjoindre une plaque en marbre portant le nom du maire qui a signé le permis de démolir la villa qu’il remplace, le nom du maire qui a signé la permis de construire ce spécimen invraisemblable d’une architecture indigente et bien sûr le nom de l’architecte qui a osé commettre pareille faute de goût.
"Jeter ces noms dans les poubelles de l’histoire est une punition trop douce, il faut absolument que les générations qui vont nous suivre les connaissent pour pouvoir les vouer aux gémonies juqu’à la fin des temps".
Dois-je préciser que je souscris entièrement à ce jugement ?
Voici donc l'objet du délit. Et à la réflexion, je me demande si l'architecte qui a commis l'Immeuble ne cherchait pas à donner du contenu à la définition du Laid et du Monstrueux. Il a en tout cas réussi pleinement : l'Immeuble est digne des plages kafkaïennes d'un univers soviétique.
Bravo !
24/04/11