La Chapelle
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Pour se baigner c'est l'coin tranquille
On est les seuls personne y va
On va s'tremper dans un p'tit bras
Où sortent les égouts d'la ville
(Pierre Perret - les jolies colonies de vacances)
Pierre Perret a sans aucun doute passé ses "jolies colonies de vacances" au pied de la jetée de la Chapelle où à marée basse il avait tout le loisir de se baigner au débouché d'un des égouts de la ville.
Les égouts de l'Alma (Cliquez pour agrandir)
Le quartier de la Chapelle s'est développé autour de la basilique Notre Dame d'Arcachon, construite à l'emplacement de l'ermitage de Thomas Illyricus, un moine, qui au XVIème siècle avait trouvé sur la plage une statue de la Vierge. Chaque année, fin mars, tous les gens du pays venaient rendre hommage à cette Vierge et les marins faisaient bénir leur bateau.
La Chapelle des marins en 1851 (aquarelle de Jean Leo-Drouyn, exposée au Musée-Aquarium d'Arcachon)
Cliquez sur l'aquarelle pour l'agrandir
Jean Léo-Drouyn est le petit fils du grand Léo Drouyn qui a dessiné des chefs d'oeuvre dans toute l'Aquitaine et particulièrement sur le bassin d'Arcachon. Voici une de ses gravures:
Ce quartier est aussi celui de la Maréchale de Saint
Arnault, la veuve d'un chef de guerre de l'empereur Napoléon
III. La Maréchale était propriétaire
de la villa L'Alma, d'où elle a régné
pendant 50 ans sur la trépidante vie mondaine d'Arcachon.
Enfin, nous verrons dans ce quartier la première des
trois grandes jetées d'Arcachon, incontestablement
une des attractions de la ville.
Sur la jetée, hier comme
aujourd'hui, on fait le pitre devant le photographe,
ou on prend des poses
La jetée de la Chapelle est depuis toujours la place du village; on y vient pour se promener, sortir le chien, discuter de tout et de rien, refaire le monde; on y vit nuit et jour, on s'énerve contre les drôles qui font des bombes, on râle contre le maire qui interdit la circulation Cours Lamarque; mais surtout on y pêche, de tout, des grisets, des maigres, des daurades, des casserons, des seiches, des coustuts ..., à la turlute, au plomb; mais si on ne prend rien, c'est pas grave, l'important c'est d'être là, comme vous pouvez le voir sur cette petite vidéo.
Les pêcheurs sur la jetée par leonc_fr
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Une photo panoramique du front de mer à la Chapelle
en février 2002: il reste de belles choses mais "on"
a fait ce qu'on a pu pour défigurer le site et "on"
n'est pas loin d'avoir réussi. Je vous recommande
à droite l'hôtel bleu, un vrai désastre, et
à gauche l'immeuble du plus pur style "moderne-années-soixante",
à pleurer...
Un clic sur l'image vous permettra de voir une version plus
grande de la photo; attention, l'image est lourde et va
donc prendre du temps à se charger.
(Utilisez les flèches gauche et droite pour naviguer dans le panorama)
Et pour vous permettre de juger de l'outrage fait à cet endroit magnifique, voici une gravure du même endroit (1) dans les années 1870.
Cliquez pour agrandir la gravure (Coll. privée)
(1) - Il y a une grosse dispute entre spécialistes du bassin sur la localisation de cette gravure. La majorité y voit la vue de la côte que l'on avait alors de la jetée d'Eyrac. J'y vois moi la Chapelle parce que c'est le seul endroit d'où l'on peut voir, comme ici, à droite le phare du Cap-Ferret.
Peu importe la dispute: l'important c'est la beauté de cette gravure...
Villa princière, bateaux somptueux: un ponton privé permettait aux riches et aux puissants de passer de l'un à l'autre en toute discrétion et sans se mêler au peuple de pêcheurs puant la rogue et le poisson. Des régates opposaient tous les jours à la belle saison les maîtres de ces splendides bateaux de course que vous pouvez aller admirer ici.
Très peu de propriétaires de ces villas magnifiques ont résisté à ce genre particulier de cartes postales, la carte de propriétaire : on y montre "l'objet", la maison, la villa de rêve ou bien on se met en scène dans le jardin. Voici deux cartes photos prises dans le jardin de la villa des Arbousiers, dans le quartier de la Chapelle:
Cliquez sur ces jolies cartes pour les agrandir
Le front de mer entre la Chapelle et le parc Pereire offrait quelques années après la création de la ville un panorama de villas somptueuses, rivalisant de richesse et d'élégance et parfois aussi d'ostentation. Il reste des traces de cette splendeur, notamment des photographies de Derode, prises au tout début des années 1870, vers 1872. En voici deux, que m'a passées un collectionneur, montrant deux fragments du front de mer entre la Chapelle et le parc Pereire:
30 ans après, Mlle J.L. publiera cette jolie carte montrant la même villa
En 2009, deux des trois villas de Derode sont toujours là, ainsi que les deux de Mlle J.L.
En 2009 la laideur de l'immeuble moderne ne réussit pas à tuer le charme
des deux villas "survivantes"
Cliquez sur les images pour les agrandir (Collection privée)
(1) - Jean Drouyn (ou Jean Léo-Drouyn car il avait fait rajouter à son nom de famille le prénom de son grand-père) était le petit-fils de Léo Drouyn. Il avait épousé une fille Gièse (grande famille d'Arcachon) et habitait une partie de l'année sur le Bassin, où il travaillait aussi
beaucoup. Son grand-père l'avait formé au dessin et il a commis pas mal
d'aquarelles dont le sujet est le Bassin. Il y en a (ou avait) une très belle
chez Hortense, le célèbre restaurant du Cap-Ferret.
Ici, il a repris la lithographie en bichromie de son grand-père, publiée en 1851
dans un recueil de lithographies intitulé "Les Bains de mer de La Teste ou
bassin d'Arcachon", et en a fait une charmante aquarelle au début du XXe siècle
! C'est une reprise à peu près à l'identique. La litho originale
est présenté dans le livre, vol 3 des "Albums de dessins de Léo Drouyn", "Le Bassin
d'Arcachon et la Grande Lande", p. 104-105, Édition de l'Entre-Deux Mers.
(Bernard Larrieu, Président des Éditions de l’Entre-deux-Mers)
http://leodrouyn.com/
20/05/15
