Le Chateau Deganne
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EyracChateau Deganne

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Fête enfantine

fete
Fête enfantine organisée au casino sous la surveillance extrême des mamans
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Chateau Deganne
Le Château Deganne peu de temps après sa construction en 1855
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Les jetons du casino municipal

Jeton de 5 centimesJeton de 15 centimesJeton de 35 centimes

Adalbert Deganne, ancien ingénieur des chemins de fer du Midi, époux d'une riche propriétaire foncière et un temps maire d'Arcachon, construit en 1855 cette "folie", modèle réduit du château de Boursault en Champagne, lui-même construit en 1843 par Madame Veuve Cliquot. On dit que Deganne voulait ainsi rendre hommage à un de ses amours de jeunesse.
Le château n'a quasiment jamais été habité et après la mort de Deganne, il deviendra un temps une annexe d'une institution de jeunes filles tenue par des bonnes soeurs.

Deganne, né à Vertus dans le département de la Marne le 20 octobre 1817, n'a nullement cherché à cacher la copie qu'il faisait : les châteaux sont jumeaux, celui de Boursault, dans la Marne, étant cependant nettement plus grand que celui d'Arcachon. "Je n'ai pas inventé l'architecture Renaisssance, j'ai pris mes modèles partout... les ouvertures sont dans les proportions de la cour du Louvre..., une tour est de Chambord, le pigeonnier également... Je me suis surtout inspiré d'un château des bords de la Marne que j'ai essayé de reproduire dans ses délicieuses proportions", écrit Adalbert Deganne, en réponse à une moquerie de son plus "cher" ennemi, Alphonse Lamarque de Plaisance (La "guerre des deux A", Adalbert et Alphonse, qui seront tour à tour maires de la ville, secouera la toute jeune municipalité jusqu'à la disparition des deux hommes).

Un simple coup d'oeil sur cette photo aérienne du château de Boursault prise début juillet 2006 par Edgar et Evelyne Weiser, auteurs de ce joli site sur Arcachon, ne laisse aucun doute: Deganne a bien fait une copie carbone du château de Boursault.

Boursault

Château de Boursault
Cliquez pour voir un montage du Château de Boursault et celui de Deganne

Cette autre photo, prise, en juillet également, par Jean Pierre Ardoin Saint Amand, donne une belle idée de la chance qu'ont les habitants de Boursault de ne pas avoir eu à souffrir des "bâtisseurs" qui ont tant voulu "embellir" Arcachon, ne parvenant qu'à illustrer la médiocrité de leurs goûts. Si vous n'avez pas peur, regardez en bas de la page ce qu'ils ont fait du château d'Adalbert Deganne.

Boursault

Par son mariage avec Nelly Robert, une jeune Testerine, Deganne devint propriétaire de la majorité des terrains de la future ville d'été et ainsi un acteur majeur de la naissance d'Arcachon. L'histoire de son château est triste: il ne l'a jamais habité, y recevant cependant Mac Mahon et Thiers lors de banquets mémorables.

A sa mort, le chat eau deviendra un temps une dépendance d'une institution de jeune filles avant de passer sous la coupe du Casino mauresque dont il devient une annexe en 1903, et subir de multiples "rénovations", qui ne seront pas toutes malheureuses; en août 1905, est ainsi ouverte la salle du théâtre du Casino, dont l'Avenir d'Arcachon rend compte en ces termes (vous pourrez également apprécié les coups de patte au maire d'Arcachon James Veyrier Montagnières, que l'auteur de l'article ne peut s'empêcher de donner: Edmond Le Taillandier de Gabory, rédacteur en chef de l'Avenir d'Arcachon, est un ennemi acharné du maire et aucun papier ne passe dans son journal qui ne contienne une attaque contre Veyrier Montagnières):

(Avenir d'Arcachon N° 2732 du 16/04/1905)

Casino de la Plage - (...) Comme le parc au Casino de la Plage est beaucoup plus haut que celui de la chaussée vicinale, on a eu l'excellente idée de remplacer le mur sans caractère qui limitait la voie, par une série de magasins qui égayeront ce passage très fréquenté par le public des vapeurs de promenade.

Ces magasins au nombre de onze s'étendent depuis l'encoignure du boulevard, tout le long de la rue du Débarcadère, jusqu'à la cabine de l'électricité. Ils mesurent en moyenne cinq mètres sur quatre.

(...) Nous remarquerons à ce propos, que les vespasiennes situées rue du Débarcadère ont disparu. Nous rappellerons à l'administration oh ! combien sympathique de M. Veyrier-Montagnères, que lorsqu'on enleva les vespasiennes de la place Thiers, ce fut sur la demande d'un Café qui n'existe plus et sur la promesse formelle qu'un "buen-retiro" de même nature serait installé place Thiers un peu plus loin. Il était même question, (si le maire habitait Arcachon !) qu'il s'inquiéterait des propositions qu'on lui faisait pour l'agrandissement de ladite place Thiers, et de l'acquisition d'un passage à cabines ; ce qui aurait permis de donner à cette promenade publique une largeur normale. Ceci soit dit en passant ; car il est bien évident que M. le Maire a de plus nobles pensées en tête que les questions de vespasiennes, d'égouts, de caniveaux et de voirie urbaine.

(...)

(Avenir d'Arcachon N° 2742 du 25/06/1905)

Casino - (...)

Félicitons, en passant M. Fages, d'avoir demandé à la municipalité l'alignement de la rue du Débarcadère ; et prions-le, puisqu'il est un des très rares municipaux qui parfois s'inquiètent des intérêts arcachonnais, d'insister pour que la plage soit nettoyée en temps utile.

(...)

(Avenir d'Arcachon N° 2744 du 09/07/1905)

Casino - Nous sommes allés visiter le théâtre du Casino de la Plage ; c'est une bonbonnière de marquise Louis XV, une cassolette de houri, un vrai bijou.

(...)

(Avenir d’Arcachon N° 2750 du 20/08/1905)

Casinos d’Arcachon, Plage & Forêt - Samedi dernier, 12 août 1905 , a été pour la première fois ouvert au public la très jolie salle du Casino de la Plage qui complète si heureusement de Casino, la plus belle construction que depuis de longues années on ait vu s’élever à Arcachon, le plus beau travail qu’on y ait exécuté.

A tout seigneur tout honneur ; cette splendide transformation du Château Deganne est due, tout d’abord, à une généreuse initiative privée qui croit en notre ville et qui l’aime véritablement, et appelle ensuite des éloges mérités à l’adresse des architectes, MM. Peigné et Ormières, de l’entrepreneur M. Blavy, et de tous les ouvriers qui ont contribué à cette création.

Nous avons décrit dans ses moindres détails cette ravissante salle blanc et or, que les étrangers, avec qui nous parlions ces jours-ci, ont comparé tour à tour, et suivant leur degré de lyrisme, au théâtre du « Cristal Palace » ou à « l’Athénée » de Paris.

On jouait Carmen, et l’interprétation du chef d’œuvre de Bizet n’a rien laissé à désirer.

Mme Magne, une jolie femme dont la voie est chaude et étendue, a tenu dans la perfection son rôle d’espagnole aux brûlantes amours.

Mlle Delmai, une cantatrice di primo cartello, était une charmante Micaëla.

Et l’on ne sait ensuite lequel a le plus charmé le public, du ténor au timbre si frais, si passionnant, au jeu scénique si sûr et si délicat, ou du baryton, un beau garçon à la voie pleine et sonore, au geste séduisant et assuré ; de M. Geyres (don José) ou de M. Mondaud (Escamillo).

Revenant aux traditions de la troupe complète, la direction des Casinos avait voulu faire au public l’aimable surprise d’un corps de ballet. Et si l’on ne peut espérer, comme ce soir-là, applaudir tous les jours des artistes de l’Opéra Comique de Paris, tout au moins en sera-t-on amplement consolé par la continuation du corps de ballet, ce divertissement chorégraphique qui complète en la rehaussant d’une façon très notable, toute représentation artistique et musicale.

Mlle Cerri, première danseuse du Grand-Théâtre de Bordeaux, a conquis, dès la première soirée, un public que pendant toute saison estivale elle charmera maintes fois encore.

Comme au théâtre de Bayreuth, l’orchestre est situé en contre-bas de la salle qu’il ne voit pas plus que la scène. Cet orchestre excellent est admirablement dirigé par M. Carrère Bucau qui est non seulement un bon chef d’orchestre, mais surtout un administrateur de premier ordre.

La salle, féeriquement éclairée à l’électricité, était composée sur invitations, d’un public digne d’une représentation de gala. Les dames avec des toilettes rehaussées de diamants, les jeunes filles coiffées et parées de fleurs, les habits noirs et les smokings constituaient une chambrée sélect et du plus gracieux effet.

Citons au hasard de la lorgnette :

Mme Verbruge née comtesse de Renesse, Mlle Debans, M. Mme et Mlles Johnston, M. et Mme St-Amant, familles Segrestaa, Bourgès, A. Dubos, de Gaulne, baronne du Règne, Cazes, docteurs Lalesque, Festal, Dechamp, Cazauvieilh député, Dignac conseiller général, Bernardbeig, Schenke, E. Calvet, Dumora, Auschitzky, Ferras, Exshaw, Peyrelongue, comte Duroussoff, vicomte de Clouet, Seward, Buhan, familles Marcilhac, Lawton, Damade, Paulin, Chauveau, Marien, Rosai, de Broglie, Bordes, Le Bouleur, de Courlon, Nolodovitch, Amossoff, Loste, Gufflet, Damas, Tilloy, de Scorbiac, Mme Carrère Bucau, Mlle de Gabory, Mme et Mlles Ormières, Mme et Mlles Dupont, Mme et Mlles Baudimant, Mme Garnion, Mme et Mlle Bourdais ; familles Aymard, Allard, Guirout, Moussié, colonel Henry, Raoul Bernard, commandant Darrouy, vicomte et vicomtesse de Lestrange, comtesse de Maquille, de Luze, Dolfus, de Trincaud-latour, Uzac, Graterolle, Laurens, Laroze, Laville, Derm, Bastos, Barrère, docteurs Hameau, Pauliet, de Batz, Moyzès, Dhourdin, Robert, Paillet, M. et Mme Noël ; MM. Audap, Lecoq, Valleau, Dalbusset, Couve, Lauras, Mallet, Malescault, Raffait, Rouxel, Raynauld, Manceau, Teridgi, Marignan, Plachon, Chabanne, Assemat, Carbonnier, Delmet, Judlin, Duché, Marty, de Heredia, Auclair, Petit, Thebaud, Beaumartin, Calmel, Arnaud, Balaresque, de Bethman, Castex, Catelin, Cayrel, Célérier, Cloarec, de Curzay, Darrieu, Grassin, Lataillade, Lagrolet, Babu, Levavasseur, Pougnet, Rey, Saulières, Sellier, Vignial, de Vasquey, Escoula, de Guyet, Franchini, Planté, Fleuriot, Perdoux, Lambert, Haussman, Arrégot, Rausky, Kern, Fortin, Jaïs, Larue, Boyer, Champol, Molina, Spum, Brenneville, etc., etc.

Cette belle fête s’est terminée à une heure du matin.

La presse a été unanime à la célébrer, cependant que le correspondant de la Petite Gironde, M. Canton, qui est en même temps secrétaire du maire, a trouvé moyen de lui consacrer huit lignes, en annonçant surtout que M. Veyrier-Montagnères assistait à la représentation. Ce dernier en effet qui vient d’être, paraît-il, décoré comme ostréiculteur et comme fondateur de pêcheries, n’a fait qu’une courte apparition et est retourné dare-dare à Moulleau.

Mais il n’est si belle fête qui n’ait de lendemain.

Dimanche 13, avec le concours des mêmes artistes, a été offerte une seconde représentation de Carmen, devant une salle comble et payante cette fois, ou nous avons remarqué parmi les spectateurs autant de bordelais que d’arcachonnais, des parisiens, des anglais, des russes, des espagnols, mais la colonie étrangère moins nombreuse toutefois que notre colonie hivernale.

- Lundi 14, à 4 h., Grande Fête enfantine et Bal d’enfants travestis, sous la direction de MM. Lazar.

Le soir, à 9 h., Concert vocal et instrumental où l’on a applaudi les soli de Mmes Marignan (du Grand-Théâtre de Bordeaux) et Dupont, MM. Cristin (ténor), et Caille (baryton) du Grand-Théâtre de Bordeaux, MM. Descombes et Mounet, artistes de nos Casinos, MM. Chaubet et Mesnard, solistes de l’orchestre.

- Mardi 15, Miss Helyett.

- Mercredi 16, première représentation de Faust ; grand succès pour MM. Cristin dans le docteur Faust, Albert dans Méphisto, Mounet dans Valentin. Mme Dumand, notre première chanteuse, a été une délicieuse Siébel. Le rôle tenu par Mlle Delmai (de l’Opéra-Comique a charmé l’auditoire. Dans le trio « Ange pur », elle a été rappelée et bissée.

Le corps de ballet a été merveilleux sous la direction de Mlle Cerri, une mignonne et charmante danseuse qui nous vient d’Italie.

Cora Laparcerie(...)

Enfin on nous annonce pour septembre, le 7, la tournée de M. Raymond ; le 14, la tournée de Mme Cora Laparcerie, et par notre troupe artistique, probablement une interprétation de La Traviata.

Jamais le Casino n’a été mieux dirigé, mieux administré, ni si brillant.

Scan : Aimé Nouailhas.

Mais la fin du XXème siècle est fatal au château Deganne qui subira les derniers outrages. En 1990, le Casino de la Plage est "déshabillé", donnant une dernière fois l'occasion de voir le Château Deganne (presque) comme il était un siècle auparavant:

Mai 1990 - Le château

Les travaux ont donné ça:

Le chateau Deganne en 2003

J'ai emprunté cette image à ce site

Avant qu'il ne soit décidé d'installer le casino municipal dans le château Deganne, on avait rêver à Arcachon d'un casino à la hauteur des ambitions de la ville. Un des architectes en activité, Jules de Miramont avait dessiné en 1897 ce "chef d'oeuvre". Faut-il regretter que son idée n'ait pas été retenue ?

Le casino selon Miramont
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Salle de jeux
Salle de jeux du Casino dans les années 30 (Coll. JM Dias)

Triste époque


Pendant la "Grande Guerre" entre 1914 et 1918, les Arcachonnais avaient déjà eu leur lot de "vicissitudes": le casino avait été réquisitionné par l'autorité militaire pour accueillir les blessés et en conséquence les séances de cinéma avaient été "complètement supprimées".

Fermeture du cinéma

20 ans après, c'est encore pire: pendant la seconde guerre mondiale, les Allemands occupent Arcachon, et bien sûr le Casino d'été, qu'est devenu depuis 1903, le château Deganne. Le casino devient Soldatenheim, le théâtre Soldatenkino, en français un mess et un cinéma militaire.

Soldatenheim
Le casino transformé en Soldatenheim, ouvert de 8 à 23.00 heures

Theater
Une soirée de détente pour les occupants
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Adalbert Deganne possédait un don certain, celui de se faire détester. C'était un personnage vindicatif, hargneux, arrogant. Il a poursuivi de sa haine toute sa vie durant le premier maire d'Arcachon, Alphonse Lamarque de Plaisance.

Il est aussi avaricieux, pingre et après avoir construit son château au bord de l'eau, il avait entrepris de "recycler" les restes des matériaux nécessaires à sa construction pour l'édification de trois villas dans son "parc privé". Face à son château, devaient ainsi être bâties Esperanza, Caritas et Fides. Esperanza a été détruite, Caritas n'a jamais vu le jour. Reste Fidès, qui existe encore aujourd'hui.

Fidès
La villa Fidès au début du XXe siècle (photo Raoul Lafont)...

Fidèe en 2011
et en 2011.
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La villa, flanquée d'un appendice moderne sur la droite, parait avoir rapetissé avec la disparition des "chapeaux" au dessus des deux fenêtres du premier étage, mais il n'en est rien comme le montrent les très belles céramiques de chaque coté de la façade, qui sont toujours à la même place en 2011:

Haut BasLafont


Les grilles sont également restées telles que les avaient voulues Deganne, qui pas mégalomane pour un sou, avait exigé que les villas construites sur "ses" terres soient ceintes toutes de la même grille...

Lafont
Les grilles début XXe siècle ...

2011
et en 2011

21/03/15

 


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