L'Homo ferretcapiens vit un grand malheur, celui d''être condamné à vivre de l'autre coté, c'est à dire pas du bon coté. De l'autre côté de l'eau, comme on dit ici.
Cela doit être terrible pour ces gens de regarder tous les jours vers le bon coté comme cela doit être dur pour les Australiens ou les Néo Zélandais, de vivre aux "antipodes", eux aussi de l'autre coté, donc pas du bon coté...
Heureusement pour eux, les ferretcapiens ne sont pas (ou pas tous)
descendants de prisonniers exilés sur ces terres lointaines dans des colonies pénitentiaires où on ne pouvait même pas jouer du piano
A cette douleur de n'être pas là où ils devraient être s'ajoute le fait de vivre sur une "presqu'île", un endroit qui est presque une île mais pas tout à fait, presque quelque chose mais pas vraiment. Mi chèvre, mi chou, mi terre mi île. Bassin ou océan, viande ou poisson... Une île est entourée d'eau, complètement, une presqu'île n'a pas fait de choix, conservant un lien avec la terre, faisant de cette curiosité géographique une forme de bâtardise.
Enfin les ferretcapiens vivent depuis la nuit des temps "rattachés", comme des enfants qui ont besoin de tuteurs pour tenir droit, d'abord à La Teste la grande commune du Sud Bassin, puis dans les années 70 à cette drôle de petite ville du bassin nord, Lège, dont le principal titre de gloire est -quand même- d'abriter des maisons construites par Le Corbusier.
Alors il faut bien se poser la question: à force d'être ailleurs, de l'autre coté, même s'ils ne sont pas tous descendants de prisonniers, à force aussi de vivre sur une "terre" ou une "île" qui n'est ni l'une ni l'autre, et enfin d'être adossés à des "tuteurs", les ferretcapiens sont-ils vraiment de la même espèce que ceux qui de la rive du paradis contemplent ébahis les mœurs et coutumes de ces étranges, étranges... hommes, aliens ... ?