Sommaire

  Aide

J'ai mal à ma jetée, ou quand un monstre marin vient se goinfrer de béton.

La jetée de la Chapelle est morte, à l'âge de 110 ans, engloutie par un monstre venu du fond des mers.

Je ne compte pas les nuits passées à la pêche au casseron avec des turlutes japonaises ou espagnoles, au coustut avec des mitraillettes, au griset et à la daurade grise ou royale, au maigre...
A la trogue aussi avec les enfants, qui rentraient le soir avec des kilos de ces petits poissons qu'il fallait faire dégorger pendant des heures sous peine de manger le sable des appâts. Les enfants dégageaient un délicieux fumet de rogue (oeuf de morue), de crabe ou de moule écrasés...
Quand ils ne pêchaient pas, ils se battaient à coup de crabes vivants, ou faisaient des bombes pour tremper les passants. L'âge venu, ils draguaient les filles (ou se faisaient draguer...)

Il se passera beaucoup de marées avant que la nouvelle jetée puisse raconter de si belles histoires de vacances.

Ma jetée
Ma jetée, quand elle vivait encore.

Au tout début du siècle dernier, le maire d'Arcachon, James Veyrier-Montagnères était un visionnaire et un bâtisseur, et il décida de doter sa ville de jetées, où les gens pourraient aller se promener ou pêcher ou bien encore admirer la splendeur du bassin.

Il fallait cet homme pour mettre un peu d'ordre : il y avait depuis des décennies le débarcadère d'Eyrac, mantes fois détruit par la tempête et inlassablement reconstruit; il y avait aussi le "promenoir" de la mairie, une avancée sur le bassin, la jetée de la Chapelle, indispensable à la traditionelle fête d'Arcachon, en mars quand le curé ou l'évêque de Bordeaux venait bénir les bateaux des marins, des pontons privés à Saint-Yves ou à la villa Hyowawa, le tout en bois et donc fragiles.

Pour résister aux éléments, les nouvelles jetées seraient en béton armé, un matériau insensible au feu et réputé quasiment indestructible. Il y en aurait une au Moulleau, une deuxième à la Chapelle, une troisième à Legallais, une quatrième à Thiers et enfin une cinquième à Eyrac.

En 1904 Arcachon disposait donc d'un ensemble architectural unique de 5 jetées: il ne reste que celle d'Eyrac pour témoigner de l'oeuvre de ce bâtisseur. La jetée du Moulleau a changé de place au début des années 1970, pour passer à droite du GrandHôtel du Moulleau, celle de Legallais a disparu depuis longtemps. On a refait la jetée Thiers dans le genre "joli", interdite aux pêcheurs, pour en faire un embarcadère et un lieu de "déambulation". Il restait la jetée de la Chapelle, bien aimée des pêcheurs, des enfants dres familles. Elle n'existe plus. La nouvelle doit être prête fin mars 2014 pour la fête d'Arcachon. Pourvu qu'elle ne soit pas "jolie".

(Toutes les photos de l'agonie et de la mort de la jetée ci-dessous sont cliquables pour en voir des versions agrandies. Photo N., E., et F. Courtaigne)

JetéeJetéeJetéeJetéeJetéeJetéeJetéejetéeJetéeJetéeJetéeJetéeJetéeJetéeJetéeJetéeJetéeJetéeJetéeJetéeJetéeJetéeJetéeJetée

8/01/14

 

 fleche haut