Cap Ferret
Avenir d’Arcachon N° 2508 du 23 décembre 1900
Nous disons Cap Ferret par habitude, mais en réalité ce cap depuis deux ans, et par décision du Ministre de la marine, s'appelle Cap d’Arcachon, crainte d’une confusion possible avec le Cap Ferret sur la Méditerranée.
Il serait à souhaiter que le Cap Ferret devint Cap d’Arcachon,
autrement que par le nom. Pourquoi ce territoire dépend-il
de la commune de La Teste ? Cette commune n’y possède
par un pouce du sol ; elle en a fait abandon à l’État,
quand elle fut mise en demeure d’ensemencer.
Le Ferret se trouve distant de La Teste, par voie de terre à 65
kilomètres et en est séparé par les communes
d’Arès, Lège, Taussat, Lanton, Andernos,
Audenge, Le Teich, Gujan-Mestras ; par voie de mer, à 16
kilomètres en passant devant Arcachon qui n’est
distant du Cap-Ferret que de 4 kilomètres par son quartier
du Moulleau.
En plus de la distance, il y a encore la question de débarquement.
La Teste inaccessible pour les gens du Ferret, par voie de terre, à cause
de la distance, l’est presque autant par voie de mer, puisqu’on
n’y peut débarquer que peu d’heures par jour à marée
haute.
Il serait donc beaucoup plus naturel que ce territoire fut érigé en commune, ou rattaché à la commune d’Arcachon.
Les habitants déjà nombreux du Ferret, le réclament instamment, car ils dépendent d’un caprice de l’octroi de La Teste de leur réclamer des droits sur les denrées achetées à Arcachon où elles ont déjà acquitté une taxe. On ne peut pourtant pas les forcer à aller faire leurs achats à La Teste, quand ils ont Arcachon à quart de route. Il est déjà assez pénible de les obliger à aller à cette distance, pour accomplir les formalités qu’exigent les diverses administrations.
Le service de la poste se fait par Arès autre anomalie.
Les piétons mettent 12 heures à porter le courrier.
L’administration des postes ne pourrait-elle accorder à un
vapeur une légère subvention pour qu’il soit
installé un service régulier entre Arcachon et
le Ferret, quotidien ; et laissant à ce vapeur la faculté d’emporter
aussi des passages ou des marchandises.
La ville d’Arcachon elle-même devait encourager un industriel qui se chargerait de cette entreprise ; car Arcachon par sa position topographique ne peut que bénéficier de ses relations avec le Cap Ferret qui est dans l’impossibilité de s’approvisionner ailleurs.
On ne comprend pas que pendant l’été il existe
une surabondance de service entre Arcachon et le Ferret, et que
pendant dix autres mois de l’année, toute relation
soit interrompue.
Ce serait le meilleur moyen pour la Ville, de s’acheminer
vers l’annexion du Cap Ferret à la commune d’Arcachon.
Cette dernière y trouverait un avantage certain, dans
l’accroissement du nombres de ses contribuables, qui serait
grossi d’environ 200 foyers et 800 têtes.
Et nous le répétons, sur quel droit peut se baser
la commune de La Teste, pour revendiquer ce territoire ? Elle
ne fait rien et n’a jamais rien fait pour les habitants.
Quant à la possession du sol, il est à l’État
comme nous l’avons dit, et il est administré par
les Eaux et Forêts.
Que la ville d’Arcachon se hâte donc de faire acte
de possession en créant des voies de communication qui
n’existent pas. Ce sera un premier titre en droit, et le
meilleur.
Texte recueilli par Aimé Nouailhas