Gujan-Mestras (30 images)
Paul Kauffmann, journaliste et dessinateur, publie en 1901 dans le "Tour du Monde", une revue fondée en 1860 par Edouard Charton, une remarquable étude sur l'ostréiculture dans le bassin d'Arcachon.
Son reportage est très vivant et complet même si au détour d'une phrase vous pourrez lire ces lignes, quelque peu méprisantes : "J'arrive enfin à Gujan, où se trouve le port avec un petit établissement de bains de mer, construit sur pilotis; puis à la demeure du vieux marin, située dans le village des parqueurs. Rien de plus pittoresque que l'aspect de ces agglomérations de masures en bois, véritables villages de peuplades sauvages, d'un aspect plutôt Peau-Rouge ou néo-calédonien que civilisé".
La commune de Gujan-Mestras, célèbre pour ses sept ports ostréicoles, ne déroge pas à la règle commune à toutes les villes et villages du bassin d'Arcachon : comme Arcachon avec La Teste ou Andernos avec Arès, elle a voulu en 1864 se scinder en deux, d'un coté Gujan, de l'autre Mestras. La scission ne s'est pas faite mais il faudra attendre 1936, pour que la réalité des deux sections de la ville soit reconnue. La ville qui s'appelait jusqu'alors Gujan a pris le nom de Gujan-Mestras, même si le trait d'union entre les deux noms ne doit pas faire illusion: il y a toujours des Gujanais et des Mestrassiens à Gujan-Mestras.
Face à "l'estrangey" qui habite à leur porte, Gujanais et Mestrassiens retrouvent cependant une solidarité, et portent fièrement le nom de "barbots".
L'association "Barbots de tous temps", m'a envoyé l'explication de ce surnom:
"A Gujan-Mestras chaque famille cultivait sa vigne, une activité agréable et importante pour fournir le vin de l'année .Il paraît même que les femmes excellaient dans la taille de la vigne! En 1846 les pieds de vigne s'étiolaient, les ceps sont rongés, les feuilles sont abîmées, dévorées par un parasite, mais lequel ?"Tous les gujanais et mestrassais savaient que le curé du Teich était un érudit, un homme de savoir, (Marie, Louis, Alexandre Faugére). Ils décidèrent d'aller le consulter. Le brave prêtre réfléchit et déclara sentencieusement : ''Es lou barbot'' (c'est un coléoptère) !"Maintenant on connaissait le prédateur. Ils allèrent voir leur vicaire de Gujan, le père Gondineau, et lui demandèrent d'effectuer processions et bénédictions dans les vignes.On ne sait pas si la vigne a donné du raisin cette année là, mais à partir de cette intervention les Gujanais et Mestrassais furent interpellés par les Testerins sous le vocable '' Salut les barbots '' pour se moquer d'eux.Les années passent, puis avec l'idée originale du docteur Bézian en 1923 les rugbymans gujanais arborent sur leur maillot ''lou barbot'', une coccinelle brodée par madame Bézian.Il est certain que nos amis testerins n'ont pas gardé le souvenir du chaffre (surnom) ''les gatemines'' qui pendant quelques temps les a marqué en raison d'une invasion de chenilles six ans auparavant..."
Gujan-Mestras a également accueilli des bains de mer qui ne purent rivaliser longtemps avec les plages d'Arcachon. Et l'infante Eulalie soeur du roi d'Espagne Alphonse XII, y a séjourné entre 1915 et 1918 dans la villa Sans-Souci
Gujan-Mestras n'était pas seulement le centre principal de l'ostréiculture, elle était aussi le siège d'industries aujourd'hui improbables, comme cette unité de fabrication d'huile pyrogénée.
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22/03/15