Sur le magnifique plan d'eau d'Arcachon, de superbes
bateaux se sont livrés dès la création de
la ville, à des régates sans merci.
Dans l'entre deux guerres, les régates
quotidiennes des Six mètres JI (jauge internationale),
des voiliers de course, opposeront des fanatiques de la voile.
Les Rothschild aligneront une année jusqu'à trois
de ces bêtes de course.
Vous pouvez admirer ces bateaux un par un en cliquant sur une
des imagettes. Vous pouvez aussi les faire défiler sur
votre écran en cliquant sur le diaporama dans la marge.
La première série montre des cartes de Victor Faure,
un photographe arcachonnais dont l'essentiel de la production
date d'avant 1904. Faure n'a jamais fait que des cartes d'excellente
qualité comme vous allez en juger par ces clichés
exceptionnels.
Les photos de Victor Faure
Photos de François Monier
Fram et Slomka
Titave
Un visiteur du site, Alain Troussier, m'a envoyé des photos
magnifiques faites par le même Victor Faure, ainsi que
deux photos faites par son grand-père François
Monier, des yachts Fram, Slomka et Titave. François Monier
appartenait à une famille de négociants et d'armateur
dont les activités étaient réparties entre
Bordeaux et Saint Pierre et Miquelon. La famille avait également
une villa à Arcachon, Roxane.
Les cartes de Henry Guillier
La dernière série présente
des photos de l'éditeur
libournais Henry Guillier, un des grands éditeurs de la
région. Sa production très abondante est toujours
bien documentée et de très bonne qualité.
Guillier est mort en 1911 et sa femme a pris la suite; la série
présentée est signée "Veuve
Henry Guiller".
La physionomie particulière du bassin, où il n'y a pas de l"eau partout ni tout le temps, a encouragé les architectes navals à imaginer des voiliers aptes à se faufiler et surtout moins chers que les voiliers de course du début du XXe siècle. C'est ainsi qu'est né en 1929 le Loup, un dériveur intégral de 5.50 mètres et d'un tirant d'eau de 0,15 mètre de tirant d'eau (dérive haute) et de 1.20 mètre (dérive basse). Ce bateau va connaître un franc succès dans les 20 années suivantes où il n'est pas rare de voir une trentaine de Loup au départ des régates. La concurrence du Pacific dans les années 40 et du Caneton dans les année 50, aura raison de ce beau bateau dont la construction a cependant été relancée récemment à la faveur du renouveau des vieux gréements.
Régates de Loup
En ces temps bénis des dieux, les Arcachonnais avaient inventé la béatitude sur l'eau, entendez les "canots de promenade", aussi appelés "bateaux de plaisance"", pour naviguer sur le bassin. Ces bateaux mixtes -voile et moteur- étaient inspirés des maquereautiers, des voiliers de pêche. Très bas sur l'eau, tirant d'eau très faible, gréement houari : ces voiliers surtoilés se faufilaient partout sur le bassin et se jouaient des hauts fonds et des parcs à huîtres.
J'ai navigué pendant longtemps sur le dernier survivant de cette époque, construit en 1915, et je ne connais pas de plaisir plus intense et en même temps plus doux que celui que me donnaient ces longues promenades sur le bassin : le tour de l'île, un pique nique au banc d'Arguin ou à la Villa Algérienne, la remontée de la Leyre ou du courant de Lège au fond du bassin...
Voici une
très belle photo d'un de ces bateaux :
Un canot de promenade sous voile(cliquez pour agrandir)
Promenade à moteur en bateau de plaisance, un avant-goût de paradis
(carte photo anonyme, coll. particulière)
Fête des bateaux en 1932
Une photo de la fête des bateaux de 1932 est curieusement datée du 21 août 1932, à croire qu'en ce temps là le 15 août tombait le 21, car je ne peux pas croire que la fête des bateaux d'Arcachon puisse avoir lieu un autre jour que la saint Napoléon.
Le yacht (édition de guerre, décembre 1939)
Cliquez pour découvrir la couverture de cette "édition de guerre" du journal
Quelques années plus tard, la fête est finie, c'est la guerre; la drôle de guerre encore pour quelques mois quand Le Yacht fait paraître en couverture de son numéro de décembre 1939 cette photo de 6M JI en régate sur le bassin d'Arcachon. Le bateau en premier plan est Cupidon Prudence à Philippe de Rothschild.
Le très célèbre "Journal de la Marine, Plaisance, Guerre, Commerce" paraît désormais mensuellement et précise en surtitre "Édition mensuelle de guerre". Qui dit guerre dit censure : le visa sinistre est en bas à droite ...
En 1862, Arcachon a 5 ans et fait déjà parler d'elle. Voici ce qu'écrit "Le Monde
Illustré", des régates de cette année là:
Régates organisés par
le Cercle de Bordeaux
Les régates du 27 juillet, organisées
par le Cercle des régates de Bordeaux, avec le concours
de la ville d'Arcachon et de l'administration des chemins
de fer du Midi, ont eu tout le succès désirable.
De nombreux spectateurs, amenés par plusieurs trains
de plaisir, étaient venus assister.
Les amateurs bordelais,
malgré les difficultés
du voyage par mer, avaient répondu avec l'empressement
le plus louable à l'appel du cercle. Aussi, dans la
semaine qui précédait la course, avait-on vu
arriver à Arcachon : Mouche, Banco, Pourquoi- pas
? Eclipse, Cauchemar, Faune, Timide, Zampa, Corsaire, Petrel,
Magicienne, Fée-des-Eaux, Sans-souci et Solide. Ces
différents bateaux, réunis à ceux d'Arcachon
: Blanche, Sylphe, Surcouf, Thérèse, Alcyon,
Merrimac, Cri-Cri, Marsoin, Passe-Partoud, Réveil-matin,
et Moustic, formaient une flottille très imposante.
Le
parcours, donnant à peu près toutes les
allures, était d'environ vingt milles pour les trois
premières catégories et les chaloupes de pilotes
et pêcheurs qui partaient du débarcadère
d'Eyrac, pour aller contourner contre le flot un but placé près
du cap Feret, revenaient devant le débarcadère,
en passant entre le banc Blanc et le Muscla du nord, pour
aller chercher un dernier but placé à l'entrée
du chenal du Teich, avec retour définitif au point
de départ. Ce parcours était réduit
d'environ six milles pour la quatrième catégorie.
Trente
deux embarcations de toutes catégories se
sont mises en ligne. -le départ a été simultané et
a offert un coup d'oeil très animé.
Maxime Vauvert
Le papier est accompagné de ce joli
dessin sur lequel on peut voir à droite ce qui devait être
la jetée
d'Eyrac, et au premier plan à droite les inévitables
bergers sur leurs échasses; à cette époque,
les "bons sauvages" sont
quasiment de fondation dans toutes les illustrations ou
reportages des gens "civilisés". [Le texte a été recueilli par Roger Faure de Limoges]
Le bassin devient vite trop petit pour ces bateaux splendides, qui vont aussi s'affronter dans des régates Arcachon La Rochelle :
Cliquez sur les gravures pour les agrandir
De nombreux marins étaient nécessaires pour armer
ces bateaux et Neurdein en a fait une très belle photo:
En 1912, sort le monotype
d'Arcachon, bateau dessiné pour se jouer des hauts
fonds du bassin et pour l'apprentissage des enfants des "skippers" de
ces merveilleux bateaux. Qui n'a pas navigué, à
12 ans, seul à bord d'un monotype, dans les calmes plats
de septembre ne sait tout simplement pas ce que peut être
la béatitude...
Sur le petit film ci-dessous, le monotype numéro 24 évolue sur le bassin en 1930; il est barré par mon père, Pierre, alors âgé de 17 ans; mon grand-père, Olivier, tient la caméra; et c'est mon oncle André, qui en 2009 a fait numériser ces films de format 9,5 mm, que nous regardions chez mes grands parents les jeudis après midi avec un projecteur Pathé Baby.