Sommaire

    Aide

L'abbé Mouls

L'abbé MoulsJean-François-Xavier Mouls, premier curé d'Arcachon, compte parmi les pères fondateurs de la ville, au même titre qu'Alphonse Lamarque de Plaisance, Adalbert Deganne, ou bien encore Emile Pereire, richissime financier, créateur de la ville d'hiver. Il est aussi le seul à être quasiment oublié aujourd'hui.

Homme d'une activité débordante, l'abbé Mouls est tour à tour architecte, publiciste, impresario, journaliste, ouvrier, urbaniste, écrivain... quand il est nommé en 1854 à 32 ans curé de la toute nouvelle paroisse d'Arcachon. Ses efforts pour développer la ville voient leur récompense le 10 octobre 1859, sur le parvis de l'église Notre Dame d'Arcachon, quand l'empereur Napoléon III lui remet la Légion d'honneur.

Il crèe une société scientifique le 23 août 1863: la ville a 6 ans... En juillet 1866, cette société organise une exposition internationale sur la pêche et l'"aquiculture" (comme on disait à l'époque) avec 600 exposants dont une centaine d'étrangers et crèe en 1867 une des premières stations de biologie marine du monde. L'aquarium ouvert en 1867 est le quatrième au monde après Londres, Paris et Hambourg. L'abbé Mouls est aussi celui qui guidera Emile Pereire dans ses investissements conduisant à la création de la ville d'hiver.

Pendant 15 ans, de 1854 à 1869, l'abbé Mouls se dépense sans compter pour la ville qu'il a contribué à fonder. Mais il s'est fait de puissants ennemis au premier rang desquels le cardinal Ferdinand Donnet, archevêque de Bordeaux, qui en 1869 pour l'éloigner d'Arcachon le nomme chanoine à Bordeaux.

L'abbé Mouls en BelgiqueLa disgrâce de l'abbé Mouls sera totale quand il refusera le dogme de l'infaillibilité pontificale adopté par le concile Vatican I en 1870. Peu après, en 1872, il s'exile en Belgique et quitte l'église catholique pour rejoindre les "vieux catholiques". Il est mort en juillet 1878.

Sa mémoire sera systèmatiquement effacée de l'histoire d'Arcachon.

50 ans après sa mort, une tentative de réhabilitation de la mémoire de l'abbé Mouls se voyait discréditée par ces mots dans le Journal d'Arcachon du 4 août 1928 : "La fin lamentable de ce personnage extraordinaire fut telle que même pour rendre justice à son évidente collaboration avec les fondateurs d'Arcachon, on a toujours considéré que le silence valait mieux" (Durègne de Launadet).

Voici une étude sur les "vrais catholiques" en Belgique illustrant le rôle qu'a joué l'abbé Mouls et montrant les dernières années de sa vie.

Les “vrais” catholiques en Belgique 1872-1878

Vatican I opposa fortement partisans et adversaires de l’infaillibilité pontificale. Après sa proclamation par le Concile, une partie des vaincus rompit avec Rome pour fonder des églises vieilles catholiques. On se propose d’examiner ici à l’aide de sources peu connues et parfois inédites (1), les effets que ce schisme eut en Belgique.

Né à Montmirey-la-Ville (Jura) en 1821, Jean-Pierre Depillier, qui donnera à son nom une forme plus aristocratique, était Ie fils de cultivateurs aisés. Après être passé par le séminaire, il devint vicaire, puis tenté par la vie monastique, entra en 1846 à Solesmes. Dom Guéranger qui avait remarqué son énergie et son habileté le chargea en 1848, dès qu’il eut terminé son noviciat, de parcourir la France pour quêter en faveur de l’abbaye. Pierre des Pilliers — pour lui donner son nouveau, nom — se tira à merveille, de cette mission, et la renouvela à plusieurs reprises. Lors d’un de ses voyages dans sa Franche-Comté natale il apprit que ses compatriotes souhaitaient établir une filiale de Solesmes. L’idée plut à Dom Guéranger. Chargé de sa réalisation, des Pilliers parvint à acquérir, grâce à des souscriptions, l’ancienne, abbaye cistercienne d’Acey et y organisa une communauté dont il croyait devenir prieur. Mais Dom Guéranger la confia à Dom Menault que des Pilliers détestait. Ulcéré, il refusa de se soumettre. Sa résistance fut facilitée par le fait que Dom Guéranger, créateur extraordinaire, mais mauvais comptable et harassé par des créanciers, avait préféré ne pas apparaître dans l’achat d’Acey, dont des Pilliers était devenu le propriétaire légal. S’engagea alors, entre les deux hommes, une querelle qui, par ses multiples rebondissements, ne manqua ni de pittoresque, ni d’intérêt dramatique, mais qu’on ne narrera pas ici. On se contentera de dire que des Pilliers, après quelques victoires à la Pyrrhus, fut exclu de Solesmes et interdit comme prêtre, perdit Acey par sa mauvaise gestion et récolta, en fin de compte, devant le tribunal de Dole et en appel devant la Cour de Besançon un an de prison, pour dissimulation de biens. Il gagna alors Paris, devint correcteur d’imprimerie, fit des dettes et passa en Belgique avec "la fille Jeanne Vielle" qui était depuis longtemps sa maîtresse, et avec un parent de cette dernière, un frère ou un père, on ne sait trop.

Arrivé à Bruxelles en novembre 1865, il allait y passer treize ans coupés, il est vrai, de voyages en France. Les Vielle et des Pilliers assurèrent en Belgique leur subsistance en ouvrant un commerce de vins. L’ancien moine obtint aussi quelques revenus en effectuant des recherches pour le compte de G. Hagemans qui préparait son Histoire du Pays de Chimay. Mais des Pilliers ne se contenta pas de ce rôle de documentaliste. Il se fit auteur. En 1868, il commença la publication de ses Bénédictins de la Congrégation de France ouvrage qui, avec sa suite, La cour de Rome et les trois évêques de St-Claude, ne fut terminé qu’en 1875. Il y retraçait en quatre volumes, dans un récit fastidieux à force de minutie, ses démêlés avec Dom Guéranger, les évêques de St-Claude, les autorités pontificales et la magistrature impériale. Malgré l’égocentrisme qui se manifeste à chaque page, des Pilliers avait eu l’intelligence de se présenter, non comme un individu d’exception, mais comme une des innombrables victimes que la dureté de Rome, des évêques et des supérieurs d’Ordres faisait parmi leurs subordonnés. Il dénonçait aussi les efforts de Don Guéranger pour faire triompher l’ultramontanisme en France et par là, "assurer par toute l’Europe la prééminence du clergé sur les pouvoirs civils". Il apportait ainsi sa contribution à un des thèmes favoris de la littérature anticléricale de l’époque (2). Puis, il doubla son activité d’écrivain par cel1e de journaliste en publiant, à partir de 1869, avec une périodicité irrégulière, un pamphlet, Le Martinet. Cette publication ne connut pas le succès. Mais, parmi ses rares lecteurs se trouvèrent deux prêtres de Bordeaux, l’abbé Junqua et le chanoine Xavier Mouls Ce dernier avait été pendant long­temps le curé d’Arcachon Il s’y était fait des amis influents comme Louis Veuillot, les riches Israélites Pereire et même l’impératrice Eugénie Très actif, il était parvenu notamment à remettre à l’honneur un pèlerinage tombé en désuétude Les écrits qu’il avait consacrés à de multiples sujets avaient été appréciés et la Légion d’Honneur avait récompensé son dévouement aux malades. Signe de sa réussite, le cardinal Donnet l’avait alors promu chanoine titulaire à Bordeaux. François Junqua, docteur en théologie de la Sapienza et auteur de Tiges et Fleurs de Nazareth, oeuvre goûtée dans les milieux dévots par son style poétique et sa pieuse ferveur, était lui aussi un protégé du cardinal Donnet.

Comment ces deux hommes bien en cour en étaient-ils venus à entrer en contact avec un personnage aussi hétérodoxe que des Pilliers ? Selon François Combes, historien fort conformiste du cardinal Donnet, leur évolution s’expliquerait par l’amertume qu’ils avaient ressentie à n’être pas soutenus par l’archevêque de Bordeaux dans leurs prétentions à la mitre (3). L’accusation n’est pas entièrement dénuée de fondement, du moins pour Mouls qui rappellera souvent qu’on avait songé à faire de lui un évêque. Mais l’explication est insuffisante car l’hostilité des deux Bordelais à l’ultramontanisme et à l’infaillibilité pontificale paraît avoir été sincère et réfléchie. Elle les conduisit à entrer en contact épistolaire avec des Pilliers. Puis, Mouls vint "dans le plus strict incognito", le voir à Bruxelles. Ils décidèrent de transformer Le Martinet en un hebdomadaire de ton sérieux qu’ils espéraient diffuser largement en Belgique et surtout en France. Mouls regagna Bordeaux tandis que des Pilliers se mettait à l’œuvre. Grâce à un prospectus largement répandu dans le clergé français, et qui avait rapporté cinquante souscriptions, grâce aussi à 400 francs donnés par "des plus honorables familles protestantes de Bruxelles", il fit paraître à partir de juin 1870, huit numéros de L’Ère Chrétienne. Le succès ne couronna pas l’entreprise. On ne rassembla que 178 abonnés et la vente au numéro fut quasi inexistante. Deux événements bien différents fournirent prétexte pour arrêter l’expérience ; des Pilliers dont le tempérament semble avoir été âcre et violent se prit de querelle avec un voisin qui le blessa légèrement. Décrivant cette rixe comme une machination des Jésuites, il prétendit être obligé par ses contusions à un long repos. Puis survint la guerre qui coupa le journal de ses lecteurs français. Du reste, bon patriote, des Pilliers négligeant pour l’heure les problèmes religieux, ne s’occupa plus que de recruter des volontaires pour l’armée française.

La paix revenue, il recommença à correspondre avec Bordeaux, jus­qu’au moment où, en mars 1872, il vit arriver inopinément Mouls. Ce dernier et Junqua, qui menaient une lutte secrète contre l’ultramontanisme, avaient été trahis par un de leurs affiliés. Ils avaient alors raidi leur attitude et collaboré anonymement, il est vrai, à un journal d’extrême gauche, La Tribune de Bordeaux (4). Ils lui donnèrent notamment Les Mystères d’un Archevêché (5), roman qui décrivait avec complaisance les turpitudes d’un prélat évoquant par certains traits le cardinal Donnet. Le scandale avait été considérable et venait de provoquer des poursuites. Brûlant leurs vaisseaux, Mouls et Junqua avaient alors publié, en signant cette fois, un acte de rupture avec l’Église romaine. Arrivés à Bruxelles, Mouls décida avec des Pilliers d’établir en Belgique l’Église vieille catholique que la conservatrice Assemblée Nationale empêcherait à coup sûr de créer à Paris. Seulement, comme ses affaires l’appelaient en France, des Pilliers après avoir présenté Mouls à quelques Belges, lui laissa le soin de l’entre­prise. Le Bordelais la mena rondement. Il trouva quelques mécènes et notamment l’agent de change Magerman. Grâce à leurs subsides il annonça la reparution de L’Ère Chrétienne et loua la chapelle de Berlaimont (6) pour y installer son église. Il en prépara l’inauguration par une propagande active et variée. Il commença pas se gagner quelques appuis dans la presse libérale. C’est ainsi que le 17 avril, le Journal de Charleroi, consacrait à Mouls un copieux article, que d’autres fort élogieux allaient suivre dans plusieurs numéros. A Bruxelles, Les Nouvelles du Jour et La Gazette ouvraient leurs colonnes au schismatique. A cela s’ajoutait une brochure intitulée par Mouls : le Vrai catholicisme en Belgique, ou ma rupture avec Rome qui fut largement diffusée. En outre, il tentait de faire participer à la séance inaugurale des personnalités connues par leur adhésion au vieux catholicisme ou en tout cas par leur hostilité à l’ultramontanisme, tels que Doellinger, le Père Hyacinthe et les abbés Egli et Michaud, ainsi que l’auteur anonyme du Maudit, à savoir l’abbé Michon. Mais sauf ce dernier qui du reste ne vint en Belgique qu’incognito (7) aucun des invités n’assista, le 28 avril, à l’inauguration de l’église à laquelle avaient procédé des Pilliers, Junqua arrivé à son tour en Belgique et Mouls

Bientôt le temple de Berlaimont allait devenir celui dû seul Xavier Mouls. Il ne lui fallut en effet qu’un mois pour rompre toute relation avec des Pilliers. Un des traits de son caractère étant l’horreur des polémiques personnelles, il ne s’étendit guère sur les motifs de la querelle il en alla tout autrement du côté de son nouvel ennemi. Des Piliers consacra à l’affaire plusieurs articles. Ramenés à l’essentiel, ils montrent que Mouls n’avait voulu accorder au Franc-comtois qu’une position subordonnée que ce dernier considéra comme humiliante. Le comité qui assistait Mouls, après avoir exclu des Pilliers, décida en outre de remplacer comme organe de l’église, L’Ère Chrétienne par La Rénovation religieuse qui parut à partir du 1er juin. Des Pilliers polémiqua contre le nouveau journal dans son Ère Chrétienne et aussi par personnes interposées dans des feuilles de chantage comme L’indiscret et L’Époque, puis il abandonna la lutte pendant plusieurs années.

Des motifs très différents éloignèrent Junqua de la nouvelle église. Pendant qu’elle s’établissait, se déroulait à Bordeaux le procès qu’avaient suscité Les Mystères d’un Archevêché. Mais si Mouls fit défaut, Junqua se présenta devant la Cour. Le 8 juin 1872, les deux ecclésiastiques et le gérant de La Tribune furent sévèrement condamnés. Junqua récolta en outre deux autres peines de prison, l’une pour port illégal de la soutane, l’autre, pour s’être querellé aux Assises avec un gendarme et fut jeté immédiatement en prison (8). Libéré seulement en février 1875, il regagna la Belgique où accueilli en martyr et en héros par les "vrais catholiques", il seconda Mouls dans son apostolat. Mais au bout de quelques mois, son nom ne fut plus cité dans La Rénovation. Ce silence était signe d’embarras. Mouls restait attaché au célibat des prêtres, soutenant que les apôtres du nouveau christianisme failliraient à leur mission s’ils avaient une vie privée. Or, Junqua avait pris femme et son union avait rapidement tourné au scandale. Dès novembre 1875 les conjoints étaient séparés et leurs avocats plaidaient devant la justice belge à propos de la validité d’un mariage célébré à Londres par un ministre anglican et subsidiairement à propos de l’administration des biens de la mariée. On devine les commentaires de là presse. L’anticléricale Chronique, par exemple, concluait que Junqua, en se séparant de Rome n’avait agi que pour des motifs intéressés (9). En tout cas, 1'affaire précipita chez Junqua une évolution qui, selon lui, avait commencé pendant son emprisonnement et qui allait transformer l’ancien prêtre en un penseur panthéiste et socialiste (10). Séparé de ses deux premiers acolytes, Mouls avait tout de même trouvé un auxiliaire en la personne d’un jeune prêtre en rupture du diocèse de Bruges, Léon Opsomer. Celui-ci se chargea de prêcher la nouvelle doctrine en flamand, secondé parfois par un pasteur, Bekking. Mais en juillet 1873 Opsomer quitte le vrai catholicisme pour adhérer à la société rationaliste et révolutionnaire "l’Affranchissement" (11). A nouveau La Rénovation n’avait rien dit de cette rupture. Mouls allait bientôt devoir regretter ce mutisme. Après avoir abandonné la carrière ecclésiastique, Opsomer en effet avait été quelque temps précepteur à Marchienne puis employé à Gosselies. Il avait gagné la confiance de son patron, un fabricant de clous, nommé Brasseur. Seulement, le 4 mai 1874, chargé d’aller retirer 10.000 francs dans une banque de Charleroi, il s’était emparé de la somme et avait été faire la noce à Paris. Arrêté, livré à la justice belge, il fut condamné malgré une confession émouvante à cinq ans de prison. L’affaire fit beaucoup de bruit. La presse catholique ainsi que le Procureur du Roi, le comte de Glymes, tentèrent d’y compromettre Mouls.

On le voit, il n’eut pas à se louer de ses auxiliaires ecclésiastiques. Sans doute quelques laïcs l’aidèrent à gérer la communauté et à rédiger son journal, mais leur rôle ne fut que secondaire. C’est donc bien lui qui conduisit la nouvelle église dont l’évolution fut aussi curieuse que rapide.

Bien qu’elle ait adopté le nom d’"église chrétienne des vrais catholiques" elle n’en était pas moins, au départ, une entreprise qui se réclamait du "vieux catholicisme". Dans les premiers numéros de La Rénovation, on relève des éloges du Père Hyacinthe à qui on accorde "la première place au milieu des champions de la rénovation religieuse". Mais dès septembre 1872, il y est l’objet, à l’occasion de soit mariage, de commentaires acides. Allant plus loin encore, le journal commence à parler dédaigneusement du vieux catholicisme, qualifiant ses chefs de "sentinelles utiles, mais un peu arriérées de la religion de l’avenir". A partir de ce moment, le fossé entre "vieux catholiques" et "vrais catholiques" ne cessera de s’approfondir. Lorsqu’en 1874 Loyson donnera des conférences en Belgique, La Rénovation en viendra à lui consacrer des articles injurieux et à insérer son "portrait-charge" par le caricaturiste Bellochet, alors qu’elle évitait d’habitude toute illustration

Aussi, en 1875, les amis de Loyson seront conduits à repartir de zéro en Belgique et tenteront vainement d’y établir leur culte avec l’aide d’un prêtre français venu de Genève, l’abbé Louis Sterlin (12) et avec celle... du P. des Pilliers (13).

Pourquoi Mouls s’est-il séparé du vieux catholicisme ? Des questions personnelles ont, sans doute, joué un rôle. Loyson et ses amis se sont méfiés du Bordelais comme le prouve leur absence à l’inauguration de l’église bruxelloise (14). Mais le conflit a eu des motifs plus profonds. Tout en rompant avec Rome, les Loyson, les Michaud, les Doellinger continuaient sincèrement à s’affirmer catholiques et soutenaient que moyennant des réformes, l’Église pouvait s’adapter au monde moderne (15). Mouls, au contraire, en était venu très vite à répudier entièrement le catholicisme, voire à ne garder du christianisme que la morale de l’évangile. Il en était arrivé ainsi à une religion, selon lui "naturelle" car il la prétendait innée, et qui se résumait dans le théisme et la croyance à l’immortalité de l’âme. S’il maintenait un culte extérieur, c’était uniquement pour répondre aux besoins qu’éprouvent les hommes de s’unir à leurs frères dans l’adoration divine et à marquer par des rites les étapes importantes de leur vie. C’est pourquoi, renonçant aux contacts avec les vieux catholiques de Suisse ou d’Allemagne, l’église bruxelloise en établit avec les unitariens anglais (16). Encore s’agit-il là d’une secte protestante. En fin de compte, Mouls alla plus loin. Il s’allia au vieux Charles Fauvety qui, poursuivant le rêve de toute sa vie, avait fondé à Paris 1’"église laïque rationnelle" qui ne gardait Dieu que dans un sens panthéiste et l’immortalité de l’âme que "comme une probabilité" (17).

La même évolution se marque dans le journal qui, après s’être nommé "La Rénovation religieuse, Organe officiel de l’Église chrétienne universelle des Vrais Catholiques", devint le 10 mai 1873 "La Rénovation - Organe de l’Église universelle" et enfin le 3 janvier 1874 "La Rénovation Universelle". Désormais, la feuille ne se réclamait plus d’un culte particulier et ses origines n’étaient plus indiquées que par la présence, à la manchette, des termes "Liberté de conscience - Liberté religieuse - Fusion des cultes - Fraternité universelle".

Les cérémonies du vrai catholicisme se modifièrent également. Pendant les premiers temps, les réunions hebdomadaires sont encore de véritables services religieux. Mouls et Opsomer les célébrèrent d’abord en soutane, et par la suite, couverts d’un "manteau blanc oriental aux parements bleu de ciel se rapprochant de la toge des juges". On commençait par lire un pas­sage de la Bible et l’on récitait l’oraison dominicale. Puis, les deux officiants prononçaient de pieuses harangues. La séance était coupée d’hymnes chantés par l’assistance et accompagnés à l’orgue. Enfin des rituels spéciaux étaient prévus pour les cérémonies qui, dans le nouveau culte, correspondaient à la naissance, à l’adolescence, au mariage et à la mort.

Les sermons de Mouls étaient résumés ou reproduits in extenso dans La Rénovation, et parfois repris en brochures. Ces publications montrent que dans sa prédication il touchait à la fois à des problèmes métaphysiques et à des questions d’actualité. Le ton en était fort théâtral. C’est ainsi qu’une de ses premières harangues est constituée de sept longs paragraphes qui commencent chacun par "Ministre du Dieu vivant ô prêtre ! Que vois-tu ?". Et les réponses n’étaient pas moins ampoulées "Dans la ville éternelle, au centre d'un immense et lugubre palais, J’aperçois une vaste salle toute tapissée d’un triple rang de livres et de manuscrits et au milieu de la salle, se trouve une table couverte d’un vieux tapis portant cette inscription latine In nomine Jesu omnegenu flectatur, que tout genou fléchisse au nom de Jésus Et autour de la table sont assis les principaux chefs de la Bande Noire". Entendez par là les Jésuites. Et Mouls met alors dans la bouche de leur Général des propos de ce genre "N’avons-nous pas le nerf de la guerre ? Ne sommes-nous pas plus riches que les princes et 1es rois, que les Etats, même les plus fortunés ! Des milliards ! Et avec des milliards notre armée marche comme un seul homme..."

Quels furent les effets de ces prédications, des articles de La Rénovation et des autres écrits de Mouls ? Les débuts du mouvement parurent assurément prometteurs. La presse catholique elle-même note que le public se presse au Berlaimont qui pouvait compter de 12 à 1.500 auditeurs et le succès de Mouls n’est pas moins vif quand il se rend en province. Pendant plusieurs années, il ne cessa en effet de parcourir la Belgique parlant dans plus de quarante localités devant les publics les plus variés, depuis celui de la bourgeoisie des grandes villes jusqu’au prolétariat des bourgades industrielles en passant par les étudiants de Gand et de Liège. Des localités comme Chênée ou Seraing, le virent revenir à de multiples reprises mais le Hainaut fut sa terre de prédilection, à Jumet par exemple, il prit près de 80 fois la parole. Il se créa de la sorte, dans de nombreux coins de Wallonie des noyaux de fidèles. Il faut noter à ce propos le cas particulier de Mouscron où son public était surtout fait de Français du Nord attirés par ses attaques contre le gouvernement de l’Ordre Moral. D’un autre côté, l’organisation que s’était donnée la nouvelle Église paraissait solide. Une assemblée générale des fidèles avait désigné Mouls comme chef et, avait élu un comité de 32 membres. Cette équipe mit immédiatement sur pied une commission chargée de l’administration du journal, une autre qui veillait à sa rédaction, une société de secours mutuel, un bureau de charité s’occupant des malades et des malheureux, un cercle scientifique, une chorale et une bibliothèque. Le centre bruxellois tenta de faire rayonner le mouvement sur tout le pays en établissant des comités locaux. Dès octobre 1872 l’un d’eux se formait à Anvers, exemple que suivaient tour à tour Lumet, Charleroi, Jemappes, Liège, Chênée, Seraing et Mouscron, enfin. Si le comité anversois fut éphémère, les autres se maintinrent jusqu’en 1875 au moins. Il est vrai qu’il suffisait de trois personnes pour en constituer un et que leur but essentiel était d’organiser les conférences, pour lesquelles Mouls ne demandait que ses frais de route et un cachet dérisoire, savoir 25 francs pour trois séances. Le comité de Charleroi montra plus d’ambition et tenta vainement de créer une église succursale pourvue d’un ministre.

Mais très vite toute cette organisation s’effrita. La coordination entre Bruxelles et les sections loca1es fut mal assurée. En Juillet 1875, Mouscron était seul à avoir réglé la modeste cotisation que réclamait l’organe central. Il est vrai que ce dernier fonctionnait mal lui aussi et qu’il fallut le remanier à plusieurs reprises avant d’en arriver, en août 77, à décider que dorénavant "le culte rationaliste" serait constitué par des sociétés civiles absolument autonomes, mais qui pourraient se fédérer. Ce projet resta du reste lettre morte. On eut aussi l’occasion de s’apercevoir que les gros auditoires rassemblés par Mouls étaient surtout composés de curieux qui disparurent progressivement. Dès lors les effectifs tombèrent au point qu’à Bruxelles, au début de 1875, malgré l’intérêt provoqué par le retour de Junqua, les services ne rassemblèrent plus que 70 personnes, les jours fastes, mais d’ordinaire une vingtaine seulement. Dès lors, il fallut remplacer la belle, mais coûteuse, salle du Berlaimont par une autre située rue de la Régence. Bien que beaucoup plus modeste, elle deviendra à son tour trop grande et Mouls finira par renoncer aux cérémonies dominicales. De même, en province, son public se restreint. A Jumet-Gohyssart, il ne parle plus en 1875 que devant "une vingtaine d’affiliés", et à Mouscron, le 27 novembre de la même année, devant une assemblée tout aussi maigre. A ses débuts, la société de secours mutuel comptait rien qu’à Bruxelles 180 membres mais en 1876, Mouls estimait le nombre de ses fidèles à 1.245 pour toute la Belgique. Il doit s’agir là d'un chiffre maximum mais qui, même accepté sans critique, indique la faiblesse du mouvement.

Cette impression est confirmée par d’autres données fournies par la Rénovation. On n’y recense en effet que trois "présentations" ou baptêmes, six mariages et quatre cérémonies funéraires. Dans plusieurs cas, on n’avait fait appel au desservant de là nouvelle Église qu’à la suite du refus d’un prêtre catholique. Enfin, l’évolution du journal n’est pas moins significative. La Rénovation avait commencé par insérer des articles variés et notamment de nombreuses correspondances sur la lutte menée dans toute l’Europe par les vieux catholiques et autres dissidents contre l’ultramontanisme. La feuille renfermait aussi des articles sur la politique européenne et la vie belge. La polémique y était abondante et variée. En outre le journal menait quelques campagnes fort originales pour l'époque, par exemple en faveur de la crémation, mais surtout pour l’émancipation de la femme. Au fur et à mesure des numéros, les rubriques deviennent moins nombreuses. Les articles d’emprunt se multiplient, ainsi que d’interminables études qui, manifestement, ne sont autres que des morceaux de remplissage. Il est vrai qu’ajouté à ses innombrables conférences, le journal devait représenter pour Mouls une tâche écrasante. La feuille compta bien quelques collaborateurs occasionnels comme les auteurs anticléricaux, Max Gossi (18) et Louis Lamborelle (18 bis) et le poète Carpentier (19), prêtre français qui avait abandonné depuis longtemps l’Église romaine, le géomètre arpenteur A. Bogaert (20), le professeur Grégoire et quelques autres. Mais pour l’essentiel, il était rédigé par Mouls lui-même. Cette situation suffirait à elle seule à montrer qu’il n’avait pas conquis de disciples dans le monde politique et intellectuel. Cette impression se renforce lors­qu’on analyse les données que l'on possède sur certains fidèles. Le plus important est un fabricant de vernis et négociant, Auguste Bassompierre, qui ajoutant à son nom la particule, se faisait passer pour le descendant du maréchal français, prétention démentie par l’état civil (21). Gravitent encore autour de Mouls un marchand de vins, Raingo (22) et une de ses parentes, vendeuse de faux-cols ; A. Bled, associé dans une entreprise "d’étiquettes sur cartons, bois et métaux", le maître tailleur, Jean Cwalosinski et quelques autres artisans et commerçants. On rencontre aussi dans son entourage J.A. Vignix; écrivain public, agent d’affaires... et recruteur pour compte de l’armée coloniale hollandaise, l’huissier de justice, A.Wadin (23) et Laporte qui se chargeait de traquer, pour le compte de sa clientèle, les débiteurs défaillants. En province, l’église peut compter sur quelques amis généreux. A Liège, une demoiselle Demeure; à Charleroi, un ingénieur, A. Royer, qui se mariera selon le nouveau rite et un notable prêt à donner 2.000 francs pour ériger un temple ; à Mouscron, l’expéditeur en douane Lagast-Duvernay (24), et à Wanfercée-Baulet, l’avocat Léopold Denys.

Mais pour la plupart, les fidèles du vrai catholicisme se recrutaient dans des milieux beaucoup moins aisés. La preuve en est fournie par les souscriptions ouvertes par la Rénovation. En cinq ans, elles ne rapportèrent que 4.126,50 francs soit 825 francs par an. Et, le résultat aurait encore été moins brillant sans les gros versements effectués par Bassompierre et quelques autres. Les 40 francs que donne le groupe de Marchienne en 1873 proviennent de 14 donateurs. En 1875, le "Cercle dé la Civilisation et du Progrès" de Pâturages qui prétend grouper plus de 200 membres ne réunit pourtant que 10 francs. Les lieux où parle Mouls, après avoir perdu ses temples bruxellois, sont aussi révélateurs. Ses conférences se donnent désormais dans des estaminets situés dans les quartiers populeux de la ville ou dans des communes ouvrières de Wallonie. Aussi comprend-on qu’il ait été forcé, en septembre 1877, d’arrêter la publication de son journal.

Pourtant cette disparition et celle des services hebdomadaires ne vont pas arrêter ses activités. Mais elles vont désormais revêtir un caractère qui s’annonçait du reste depuis longtemps. Il y avait en Mouls du "docteur Jekyll et M. Hyde". D’une part, nous l’avons vu, il avait fait triompher dans son église le pur déisme, mais en même temps, il était attiré par des formes toutes différentes de la pensée religieuse. Ainsi, à la mort de Vintras (25), il lui consacre un article orné de cette conclusion peu rationaliste "Ses nombreux sectateurs belges, français, russes etc., etc, se nourrissent de la lecture de ses écrits, vénèrent le prophète comme un précurseur du nouveau Messie. Il est mort, mais doit bientôt se réincarner pour être le Jean-Baptiste du Christ qui doit renaître pour régénérer la face de la terre. Attendons les événements." L’article donne du reste à penser qu’il avait rencontré Vintras à Bruxelles (26), mais les contacts qu’il eut avec lui furent moins importants que les relations qu’il noua avec les spirites belges (27). Dès la fondation de son église, plusieurs d’entre eux y adhèrent, à commencer par Bassompierre, suivi par Lagast-Duvernay, Vanderyst qui défend le vrai catholicisme à Spa et ceux qui le propagent à Liège. D’abord discrète, leur influence se fait fortement sentir dans le journal, à partir d’octobre 1874. Les réserves, pourtant modérées, que Bogaert et Grégoire avaient émises au sujet d’Allan-Kardec et de ses émules dans La Rénovation, provoquent une mise au point dans laquelle Mouls magnifie le spiritisme qui, selon lui, en prouvant "par des effets sensibles, tangibles" la réalité des esprits, démontre l’existence de Dieu. Cette doctrine établit ainsi un juste équilibre entre l’athéisme et la foi "aveugle" puisqu’elle fonde l’ordre surnaturel sur "l’évidence des faits purement naturels". A partir de cette époque, La Rénovation fait une large place au spiritisme que Mouls défend en outre dans des conférences contradictoires. De plus, il participe en 1875 au congrès tenu à Bruxelles par le mouvement. Sa foi est celle du charbonnier, elle résiste au procès de Buguet, mystificateur qui fournissait à ses victimes des photos d’êtres chers, disparus depuis longtemps. Désormais Mouls affirmait que l’âme était protégée par une enveloppe ou "peresprit" qui à la différence du corps ne se décomposait pas à la mort. Tout au contraire elle pouvait "avoir des relations d’outre-tombe comme l’attestent tous les monuments de l’histoire". Aussi les démonstrations auxquelles se livrait à Bruxelles le médium Slade s’expliquaient logiquement par la présence d’un "esprit amateur de son fluide et de sa personne." et qui ne le quittait "ni le jour ni la nuit".

Mais de tous les phénomènes dont la clé était fournie par le spiritisme, celui qui passionnait surtout Mouls, était le magnétisme. Son intérêt s’était déjà manifesté dans Les Mystères d’un Archevêché. Seulement il parlait à l’époque de l’art du magnétiseur avec une sorte d’horreur. Changeant d’attitude, il en deviendra le champion sous le pseudonyme de "docteur Conrad". Désormais, tandis que Mouls prône le spiritualisme épuré de Fauvety, de Larroque et de Tiberghien, son double fonde à St-Gilles à l’estaminet du Morian "L’Athénée Mesmer" où une vingtaine d’élèves suivaient deux fois la semaine "un cours théorique et pratique de magnétisme et de somnambulisme. Après des examens sérieux, ajoutait La Rénovation, des diplômes ou brevets de capacité seront délivrés, et les médecins qui voudront faire magnétiser leurs malades seront sûrs de trouver dans l’établissement des magnétiseurs intelligents et capables, de précieux auxiliaires d’art médical". Dans ce domaine, le docteur Conrad se mit à prêcher l’exemple. Selon La Rénovation: "On dit que ce docteur opère avec ses mains des cures merveilleuses ; qu’un jour, la foudre tombant sur lui, le laissant à demi-mort le satura de fluide électrique et le transforma en pile electis-vitale ; que depuis cette époque, il n’a qu’à toucher un malade pour le guérir comme par enchantement." Conrad exerça ses talents surtout dans des bourgades du Hainaut où il avait trouvé des partisans fanatiques. A Roux, à Jumet et dans quelques autres localités, il multipliait les séances, se faisant assister par un médium de douze ans, la petite Amélie Chardon. Le journal annonçait le 1er janvier 1876, par exemple, que quelques jours plus tard à Jumet "endormie à distance par la simple volonté du magnétiseur, Amélie, les yeux grands ouverts, fixes, immobiles, insensibles à la lumière d’une bougie qui les touche, mais fascinés par un simple verre à lunettes du magnétiseur, roulera comme une toupie, renversera tous les obstacles pour suivre son guide. Les yeux subitement fermés, convulsés, bandés, elle obéira à la pensée de son magnétiseur et fera des mouvements, des poses artistiques impossibles à l’état de veille." Ces démonstrations n’étaient pas pour Mouls un spectacle, mais la preuve du pouvoir magnétique Habilement utilisé, le fluide "ou agent fluidique universel" devait guérir bien des souffrances et en particulier toutes les maladies nerveuses. Et Mouls qui avait du reste un physique de "jettatore" (28) multiplia les cures au point que selon un témoignage sérieux, chaque fois qu’il organisait une séance, on lui conduisait tous les "éclopés des environs".

Lorsqu'il dut cesser la rédaction de son journal, il se consacra entièrement au magnétisme. Installé à Chapelle-les-Herlaimont chez son medium, la femme Cambier dite "la grande Térau", il exerça son art jusqu’au moment où la tuberculose l’emporta le 5 juillet 1878. Sa disparition ne fit guère de bruit dans la grande presse. On sait pourtant que sa dépouille fut conduite le 8 au cimetière par les quelques fidèles qu’il avait gardés à Bruxelles, mais surtout par les nombreux amis qu’il s’était conquis dans le peuple de la région (29).

Ainsi, en quelques années, une entreprise qui, à en juger par la presse du temps, avait débuté avec des chances de succès, aboutissait à l’échec alors qu’elle réussissait en Suisse et en Allemagne. Sans doute, le vieux catholicisme avait été favorisé dans ces deux pays, par les circonstances politiques et même par la situation de l’Église. Les choses s’étaient présentées différemment en Belgique. Mouls avait espéré que plusieurs centaines de prêtres se rangeraient sous sa bannière. Seul le calamiteux Opsomer s’y était rallié. Sans douté d’autres clercs et des fidèles avaient été troublés par la proclamation de l’infaillibilité - ce fut le cas du chanoine Gilson et celui d’une dévote liégeoise (30) — mais leur mécontentement n’alla pas jusqu’à la révolte. Les évêques ne paraissent pas avoir craint un seul instant le développement d’un schisme, du moins si on en juge d’après l’état présent de la documentation (31). En revanche, fidèles et prêtres réagirent violemment contre le nouveau culte. La Rénovation parlera à de multiples reprises de services du Berlaimont ou de conférences de Mouls troublés par des élèves des Jésuites ou par les ouvriers "xavériens". Ces chahuts sont souvent même accompagnés de violences. Parfois l’hostilité des dévots se fait plus subtile. A Tournai (32), Mouls ne peut prêcher parce que les catholiques ont dissuadé les propriétaires de salles de lui louer un local. A Mouscron, ils vont plus loin. Exaspéré de le voir tenir régulièrement tribune chez le peintre et cabaretier François­Joseph Bataille (33) qui avait transformé son estaminet en musée anticlérical (34), ils lui rachètent à haut prix son établissement, ses tableaux et les écrits de Mouls dont ils font un autodafé (35).

Les conservateurs gouvernant la Belgique, Mouls doit aussi faire face à l’hostilité des pouvoirs publics. Elle se traduit clairement dans les dossiers que la police avait constitués à son propos et à celui de quelques-uns de ses amis. Sans doute, l’administrateur de la Sûreté pouvait-il soutenir que la surveillance tatillonne à laquelle il soumettait l’ancien chanoine, n’était pas dictée par la religion, mais par l’intérêt national. Sans être lui-même révolutionnaire, Mouls s’était en effet lié étroitement avec des proscrits de la Commune. Ses écrits avaient été diffusés par Lemonnyer (36), puis il avait donné comme gérant au journal l’éditeur socialiste Lachâtre (37) qui y insérera de la publicité en faveur de la première traduction du Capital. La Rénovation fera l’éloge des écrits de Rocher (38) et d’Eugène Chatelain (39). En outre, Mouls sympathise avec le déserteur Corninche (40) et avec A. Forest (41). Aussi, le journal que publiait ce dernier sous le titre éloquent de Polichinelle au Vatican (42), se fait-il le champion du vrai catholicisme et Mouls est même soupçonné par la police d’y co1laborer.

A une époque de répression, de tels amis devaient nécessairement compromettre Mouls. La Sûreté devait voir aussi d’un mauvais oeil les conférences qu’il donnait à Mouscron puisque les propos qu’il y tenait sur Mac-Mahon provoquèrent des protestations des autorités françaises. Mais dans d’autres cas il est clair que ce n’est pas le républicain français, mais bien 1’hérétique que persécute la Sûreté. En septembre 1875, son administrateur, Berden, le tance parce que des affiches anticléricales sont placardées chez Bataille. En janvier 77, il le menace d’expulsion après sa conférence aux étudiants de Gand, bien que Mouls se défende d’y avoir fait allusion à la Belgique. Il y a mieux. En 1876, les habitants de Sart-Dames­Avelines, ne voulant pas du curé que leur bourgmestre et l’archevêque de Malines entendaient leur imposer, décident de quitter l’Église romaine et demandent l’aide de Mouls. Répondant à leur invitation, il vient, leur expliquer comment ils pouvaient s’organiser en paroisse vieille catholique tout en insistant sur le fait que lui-même ne professait plus que la religion naturelle. Averti de l’incident par le bourgmestre, Berden menace Mouls de l’expulser s’il se rend encore à Sart. L’ex-chanoine s’incline… sans bénéfice pour le catholicisme, car des protestants, belges et par conséquent à l’abri de la Sûreté, persuaderont alors les villageois de passer à la Réforme.

D’ailleurs, bien qu’il s’agisse d’un personnage beaucoup moins remuant, Berden ne ménage pas non plus Sterlin, le représentant dans des lettres confidentielles au commissaire de police de Bruxelles comme un "chevalier d’industrie".

En définitive, l’échec du vrai catholicisme résulta moins de la pugnacité de ses adversaires que de ses propres faiblesses. Écrasé de travail, Mouls fut incapable de suivre une ligne cohérente, comme le montrent les variations de son journal en bien des domaines et notamment ses hésitations entre un socialisme modéré, le progressisme et le libéralisme doctrinaire, entre le rationalisme et le merveilleux. On peut aussi croire que cette sorte de théophilanthropie que Mouls prêchait sous le nom de religion naturelle, ne correspondait plus à la mentalité de l’époque. Sans doute, elle était marquée par des sorties massives du catholicisme. Parmi ceux qui l’abandonnaient, les uns, en minorité, voulaient rester chrétiens et dès lors, ils devaient préférer au déisme de Mouls les idées de Loyson ou celles de protestants. La majorité allait beaucoup plus loin, dédaignait la religion naturelle pour l’agnosticisme ou l’athéisme. Les réactions de la presse libérale ou socialiste sont à cet égard révélatrices. Certaines feuilles, les plus modérées politiquement, mais aussi les plus répandues, firent peu de place à la tentative des vrais catholiques. Peut-être parce qu’elle la croyait vouée à l’échec, mais aussi parce qu’elle se refusait à transformer l’anticléricalisme libéral en guerre de religions. Dans un deuxième groupe — nous l’avons vu — Mouls trouva de la sympathie ; mais l’appui qu’il y rencontra fut purement tactique, le vrai catholicisme étant considéré par ces feuilles, non comme la doctrine de l’avenir, mais comme une arme de guerre contre l’ultramontanisme. La même attitude se retrouve au cercle de la "Civilisation et du Progrès" qui organise au Borinage les conférences du chanoine mais interdit à ses membres toute pratique religieuse. Enfin un troisième groupe combattra la nouvelle religion au nom du rationalisme. La Chronique écrit par exemple le 9 juin 1872 : "Progrès en quoi ? En ce qu’elle n'admet pas l’infaillibilité du pape ? Mais que nous importe, si elle admet les quelques autres sottises que le catholicisme impose à ses fidèles ?" Quant à l’Internationale, elle dénonce, le 26 mai 1872, le nouveau culte comme une ruse de guerre de la bourgeoisie, qui voudrait combattre grâce à une troisième force ses deux ennemis : l’ultramontanisme et le socialisme.

Aussi Mouls aura beau inviter dans son journal, à de multiples reprises, libéraux, francs-maçons et libre penseurs à le soutenir (43), ils resteront dans leur immense majorité insensibles à ses appels (44).

Mais si Mouls devait inévitablement échouer, en allait-il de même pour le docteur Conrad ? Il semble que non. Certains de ceux qui avaient quitté l’Église romaine ne l’avaient pas fait parce qu’ils croyaient ses dogmes condamnés par la raison, mais parce qu’ils lui reprochaient son comportement politique et son attitude en matière sociale. Ils regrettaient, inconsciemment parfois les consolations que le catholicisme apportait à ses fidèles et les pouvoirs de ses saints guérisseurs. Aussi, vaincu comme théologien, Mouls a gardé comme thaumaturge des fidèles jusqu’à sa dernière heure. On pouvait partir de là pour bâtir une église nouvelle. Faute de temps, Mouls y a échoué. Il avait tout de même marqué assez profondément ses disciples pour que, à la fin du siècle encore, ils soient venus chaque dimanche à Jumet pour écouter le message qu’il leur transmettait de l’au­delà. S’emparant de l’esprit de son médium favori "simple ouvrier mineur, peu lettré, s’exprimant habituellement en patois wallon" il commençait par leur citer des textes sacrés puis il développait "devant eux, en pur français, durant une heure, le sujet choisi, parlant au cœur et à l’intelligence de ses auditeurs, les exhortant au devoir, à la soumission aux lois divines" (45). Trente ans plus tard, un autre guérisseur, sorti de ce prolétariat wallon qui avait cru au Docteur Conrad, et était passé par ces milieux spirites qu’il avait fréquentés, réussissait là où Mouls avait échoué. Aussi, bien qu’il n’y ait pas eu contact direct entre les deux hommes, on peut voir en Mouls le précurseur de Louis-Joseph Antoine, le fondateur de l’Antoinisme.

John BARTIER

 

(1) Nous avons utilisé spécialement les dossiers constitués au sujet des chefs du vrai catholicisme, par la police de Bruxelles (Archives de la Ville : des Piliers — Junqua — Mouls — Sterlin) et par celle des étrangers (Archives Générales du Royaume: P.E. 196.079, des Pilliers —232.032, Corninche —250.595, Mouls) et aussi le journal de la secte : la Rénovation religieuse. Pour éviter de multiplier des notes déjà nombreuses, nous n’avons pas précisé, sauf quand cela était indispensable, chacun de nos emprunts à cette documentation fondamentale.
Retour

(2) En 1856, des Piliers avait déjà fait imprimer à Lyon un Mémoire à la Sacrée Congrégation des évêques et des réguliers..., mais il n’avait pas mis cette publication dans le commerce et en avait même interdit la reproduction.
Retour

(3) Histoire du cardinal Donnet, archevêque de Bordeaux, Paris-Bordeaux, 1888, pp. 376-379.
Retour

(4) Nombreux détails sur ce journa1, mais pour une période antérieure dans J. GIRAULT, La Commune à Bordeaux (1870-1871), Paris, 1971, passim.
Retour

(5) Les Mystères seront réédités à Bruxelles en 1872 par la Librairie socialiste Universelle (2 vol.) comme l’œuvre du seul Mouls. Nous n’avons pu prendre connaissance que du 1er tome, mais il suffit pour se rendre compte que le roman démarque ceux qui avaient fait la réputation de1'abbé***, alias Michon.
Retour

(6) Elle était située près de l’actuelle rue de la régence, dans celle du Manège qui a disparu.
Retour

(7) L’Ère chrétienne, 8 juin 1872 Cfr aussi Cl SAVART, L’Abbé Jean-Hippolyte Michon, 1806-1881 (Bibl. de la Fac. des Lettres de. Lyon, fasc. XXVII), Paris, 1971, pp 240-250 et p. 264. Il convient d’ajouter que si Michon ne participa pas à l’aventure du Berlaimont, il n’en resta pas moins en excellentes relations avec Mouls à en juger par plusieurs articles de La Rénovation.
Retour

(8) Gazette des Tribunaux, 10-11 juin 1972.
Retour

(9) Junqua avait été assisté par Me Dansaert et sa femme par Me Demmot. Un premier jugement lui confia la gestion des biens d’une valeur d’environ 100.000 F. Mais il laissa à son épouse la possession de 200.000 F de diamants. Quant au fond, l’affaire se termina en 1877, par un divorce. Junqua mourut à Paris en 1899 (Intermédiaire des Chercheurs et Curieux, 1931, t 94, col 399-400)
Retour

(10) G. DELFAU, Jules Vallès, l’Exil à Londres, 1871-1880, Paris, 1971, pp. 293-294 ; cfr aussi M. NETTLAU, Bibliographie de l’Anarchie, p. 25.
Retour

(11) Il y demanda son affiliation le 1er juillet 1873 et fut reçu le 7 octobre en même temps que son patron à la suite d’une lettre dans laquelle il se déclarait "ennemi de toute religion". La société l’exclura le 2 juin 1874 à cause de son procès. (H. WOUTERS, "Documenten betreffende de Geschiedenis der Arbeidersbeweging", dans Centre Interuniversitaire d’Histoire contemporaine, Cahiers n° 40, p. 282 et n° 60, pp. 599 et 714.)
Retour

(12) Né le 13 juin 1832 à Longuevoisin. Curé de Cambronne, puis de Plainville (Oise) et aumônier de l’armée du Nord en 1870. Entré en contact avec Loyson, il se fixa à Bruxelles à la fin de 1874 et lança un manifeste le 30 décembre. Il y déclarait notamment : "En attendant que le culte des Vieux-Catholiques ait droit de cité en France, je travaillerai à le répandre par la parole et par les écrits dans là terre étrangère." Mais il annonçait que sa propagande viserait particulièrement le Nord de la France. On ignore la durée de son séjour en Belgique ; en tout cas, II devint curé vieux-catholique à Genève, puis rentré en France tenta de gagner à sa doctrine ses anciennes ouailles de Plainville (Revue du Mouvement social, 1881, t. 2, pp. 134-135).
Retour

(13) Les deux hommes firent ensemble une tournée de propagande à Verviers (Progrès de Charleroi, 23 juillet 1875). En 1878, des Pilliers qui s’était marié, sans doute avec sa maîtresse, et qui était devenu père, quitta Bruxelles, pour Strasbourg. On le retrouve dès 1882, fixé à Grand-Fontaine par St-Witt (Doubs). Il y éditait ou en tout cas vendait de la littérature anticléricale et exerçait encore ce commerce en 1893. (Intermédiaire des chercheurs et curieux, 1901, t. 43, col. 1074-1075 et la Revue mensuelle..., Complément à la publication Le Diable au XIXe siècle, 1894, pp. 127-128 et 174-176. Ce dernier périodique prétendait en outre que la femme de des Pilliers était une religieuse devenue franc-maçonne. Mais comme la Revue était dirigée par Léo Taxil, cette dernière affirmation mériterait un sérieux contrôle).
Retour

(14) À son retour de Belgique, Loyson aura quelques mots dédaigneux pour Mouls (Rénovation, 20 juin 1874).
Retour

(15) Le 15 mai 1873, Loyson écrit: "Une réforme catholique n’est pas une réforme protestante, encore moins une réforme déiste". (A. HOUTIN, Le Père Hyacinthe, réformateur catholique, 1869-1893, Paris, 1922, p. 149) ; il renouvellera souvent cette affirmation (Ibid., pp. 168, 176 et passim.) ; Michaud se donne pour but en 1872 de "restaurer par une réforme aussi large que possible l’ancienne église catholique d’Occident" (R. DEDEREN, Un réformateur catholique au XIXe siècle: Eugène Michaud, 1839-1917, Genève, 1963, p. 97). Notons encore qu’on lit dans les statuts de l’église rédigés par Sterlin : "Les dogmes nouveaux sont rejetés, les anciens sont maintenus."
Retour

(16) En décembre 1873, La Rénovation publiera un numéro rédigé partiellement en anglais à l’occasion d’un séjour à Londres où les unitariens avaient invité Mouls à conférencier. Selon un informateur de la Sûreté, ils se montrèrent généreux, car ils lui remirent 6.500 F pour son église. Mouls prêcha aussi dans les milieux protestants libéraux de Hollande.
Retour

(17) On complètera le bref article qui lui est consacré par le Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier français (t. 2, p. 174) par A. ERDAN, La France Mystique, Amsterdam, 1858, 2e éd. 2 vol., t. 2, pp. 335-337 et par J. BAYLOT, La Voie substituée, Liège, 1968, pp. 372-380 et passim.
Retour

(18) Né à Cologne en 1818, il était devenu à Anvers un important homme d’affaires. On lui doit des ouvrages traitant d’économie politique et diverses publications d’esprit libéral et rationaliste. Ses origines allemandes ne l’empêchèrent pas d’adopter une position favorable à la France en 1870. Sous le Second Empire), il avait du reste aidé plusieurs proscrits républicains et notamment A. Perdiguier.
Retour

(18 bis)Cfr l’article nécrologique que lui consacre le 1er juillet 1894, La Lanterne de Bruxelles.
Retour

(19) Vicaire à Dunkerque, il abandonna l’église vers 1840 et se fixa à Bruxelles où il vécut des leçons de littérature et d’une pension que lui faisait le prince de Ligne. Il mourut le 12 mai 1875.
Retour

(20) Il fournira notamment à La Rénovation une série de biographies peu originales des chefs du libéralisme belge.
Retour

(21) Liège, 29 juin 1817 — Etterbeek, 28 août 1886. Il avait épousé Anne-Marie Parys, née à Bruxelles, le 16 novembre 1832, sœur d’un imprimeur fort connu dans les milieux libéraux et maçonniques.
Retour

(22) Il s’était distingué en 1871, par sa propagande en faveur de la Commune (WOUTERS, op.cit., cahiers n° 60, p. 388). Son passage par le vrai catholicisme sera bref à en juger par la disparition des réclames qu’il faisait insérer dans La Rénovation.
Retour

(23) Tubize, 11 juin 1810 — Bruxelles, 19juillet 1885.
Retour

(24) Constant Lagast (Warneton, 16 novembre 1826 — Mouscron, 25 février 1904), époux d’Elisabeth Duvernay (Lyon, 7 octobre 1832 — Mouscron, 19 mai 1912), Un article de Mouls (Rénovation, 3 mars 1877) montre que Lagast et sa femme passaient pour des originaux.
Retour

(25) Cfr notamment ERDAN, op. Cit., t 1, pp 163-183 et M. GARÇON, Vintras, hérésiarque et prophète, Paris, 1928.
Retour

(26) Vintras qui avait vécu en Belgique y compta plusieurs disciples et notamment le Courtraisien Joseph Vercruysse-Bruneel qui publia en 1860 sous le pseudonyme de Joseph de la Félicité La Régénération du Monde. Opuscule dédié aux douze tribus d’Israël.
Retour

(27) Bien qu’incomplet, le meilleur exposé sur les origines du spiritisme en Belgique reste celui de P. DEBOUXHTAY, Antoine le Guérisseur et l’Antoinisme, Liège, 1934, t. 1 (seul paru), pp. 11-35.
Retour

(28) Etoile Belge, 9 juillet 1878. Cfr aussi Le Soir, 17 juillet et 1er octobre 1974.
Retour

(29) "Plus de 1.200 personnes ont suivi ses restes jusqu’au cimetière communal, donnant un dernier témoignage d’estime à l’homme de bien qui n’est plus, car, à côté de Mouls, sincère adepte du magnétisme animal, se trouve Mouls charitable, vivant de peu, se privant même pour venir en aide au malheur. Les pauvres perdent en lui un cœur qui leur était entièrement attaché et une main toujours ouverte pour les secourir." (Gazette de Charleroi, 11 juillet 1878.)
Retour

(30) Chanoine B. GILSON, Oeuvres posthumes, Bruxelles, 1904-1905, 2 vol., t. 2, pp. 246-247.
Retour

(31) Les Archives de l’Archevêché dans leur classement actuel ne contiennent rien sur la question. Il est certain en tout cas que l’épiscopat ne s’en est jamais préoccupé dans ses assemblées ; cfr A. SIMON, "Réunion des évêques de Belgique», 1864-1883, dans Centre inter-universitaire H.C., cahier n° 61.
Retour

(32) Article symptomatique à ce sujet dans Le Courrier de l’Escaut (cité par Le Courrier de Bruxelles, 16 avril 1874.)
Retour

(33) Audenaerde, 1821 — Mouscron, novembre 1879, époux de Séraphine Dehontin, marchande.
Retour

(34) "Les scènes les plus comiques des couvents, du confessionnal de la sacristie et des pèlerinages, se déroulent aux yeux ébahis... Le curé de Mouscron est mis sous une cloche, le Christ au Vatican fulmine contre les vendeurs du Temple", etc., etc. (Rénovation, 23 septembre 1876).
Retour

(35) Le café fut vendu 60.000 F alors qu’il n’en valait que 25.000 (ibid., 23 juin 1877).
Retour

(36) Dictionnaire du mouvement ouvrier, t. 7, p. 119.
Retour

(37) Ibid., t. 6, pp. 441-442.
Retour

(38) Ibid., t. 9, pp. 16-17 ; mais le Dictionnaire ignore la carrière belge de Rocher.
Retour

(39) Ibid., t. 5, p. 80.
Retour

(40) Né à Toulon, le 2 septembre 1849. Engagé au 80e de ligne, Corninche était en garnison à Metz en 1870. Compromis, lors du plébiscite par la propagande républicaine qu’il menait auprès de ses camarades, il déserte, au début de mai. Après avoir séjourné à Luxembourg, il arrive à Bruxelles en août et devient typographe. C’est à ce titre que Mouls l’utilisera comme gérant pendant quelques mois. Intelligent, mais buveur et instable, il passera d’atelier en atelier et se fera un moment chansonnier. Il disparaît de Bruxelles en 1883, abandonnant une femme et une fille en bas âge.
Retour

(41) F. SARTORIUS et J.-L. DE PAEPE, Les communards en exil, t. à p. des Cahiers Bruxellois, t. XV-XVI, 1970-1971, pp. 38-49.
Retour

(42) 26 mai 1872. Du reste, Corninche était également mêlé à cette publication.
Retour

(43) C’est pourquoi La Rénovation insère de nombreux articles à la gloire de Théodore Verhaegen, de Lebeau, de Bara ou de la maçonnerie (par exemple, 5 février 1876)
Retour

(44) Même Gossi, malgré sa réputation de générosité, ne souscrit que pour des sommes dérisoires
Retour

(45) L. DENIS, Christianisme et spiritisme, Paris, 1898, pp 329-330, cfr aussi les commentaires de R GUENON, L’erreur spirite, Paris, 1923, p 368.
Retour

(46) Qu’il nous soit permis de remercier ici Mlle M. Martens, Mme Ch. Beaurain et MM. Duvosquel, Miroir et Willequet qui nous ont procuré plusieurs renseignements précieux.
Retour

Université Libre de Bruxelles
Institut d’Histoire du Christianisme
PROBLEMES D’HISTOIRE DU CHRISTIANISME - 4 - 1973 – 1974 -
Editions de l'Université de Bruxelles

Texte recueilli par Aimé Nouailhas

15/01/14

 fleche haut