[Extrait de "Photographes en Gironde" par Pierre
Bardou]
"Lorsqu'en 1905 Léopold Neveu, élève de Renaudeau,
ouvre son premier atelier, à Arcachon, c'est une riche carrière
qu'il entame et qui, à juste titre, va marquer la mémoire
de ses contemporains, dont il est connu et estimé, tant à Arcachon
qu'à Bordeaux.
"Mobilisé en 1914, dès le mois de septembre,
il reviendra de la guerre gravement blessé et restera trois
ans durant immobilisé par les séquelles d'un éclat
d'obus reçu dans les reins. Cette épreuve une fois
surmontée,
l'activité qu'il déploie porte sa réputation
bien au-delà du Sud-Ouest, puisque, à l'issue du Salon
de la photo de Paris en 1930, André Pascal-Lévis (dans Artistes
d'aujourd'hui) ne tarit pas d'éloges à l'égard
de ses oeuvres.
Léo "est
un parfait technicien en même temps qu'un pur artiste [...]
qui sait établir […] une très intime et complète
liaison entre métier et goût".
"Neveu est un maître
des paysages marins, notamment ceux du bassin d'Arcachon. Ses photos
de régates, de baigneuses, ses contre-jours, ont longtemps
découragé nombre de photographes, tant elles sont magnifiques.
Choyé dans les Salons nationaux où ses estampes photographiques
remportent un vif succès, il reçoit la faveur d'une
clientèle fidèle et sait cultiver son image en organisant
des expositions de peinture, et entretenir ainsi une atmosphère
d'art autour de son activité de photographe
"Portraitiste des Bordelais en vacances, il décide de
se rapprocher de cette clientèle et, en 1929, ouvre un atelier
au 62, rue Abbé-de-l'Épée, destiné au
portrait et donc muni d'une verrière, Il est certain que cette
irruption concurrentielle n'est pas du goût de ses confrères,
qui s'emploient à le lui faire comprendre. Quatre ans tard,
il cède à leurs pressions et un excellent photographe
venu de Lille, Marc Pillot, prend sa suite. Quittant Bordeaux, Neveu
laisse sa marque, Léoed (formée par contraction de
son prénom et de celui de son frère Edmond, photographe à Villeneuve-sur-Lot).
Le studio Léoed vivra ensuite avec Pillot puis Georges Engesser,
filleul de Mme Neveu.
"Malheureusement, en 1931, un incendie ravage l'atelier d'Arcachon.
Léo doit donc se replier à son domicile, 364, boulevard
de la Plage, et reprendre à zéro car il a tout perdu,
y compris ses archives (qui devaient être considérables).
En 1935, peut-être à titre de compensation, en tout
cas pour honorer son œuvre photographique, il est fait chevalier
de la Légion d'honneur. De 1926 à 1929, il préside
aux destinées du syndicat régional des photographes
et, par ailleurs, accueille de très nombreux jeunes photographes
en stage.
"Engagé volontaire en août 1944 dans les F.F.I.
du bataillon d'Arcachon, il participe à l'attaque par la brigade
Carnot des troupes allemandes retranchées en Médoc.
Au mois de novembre, à l'âge de 64 ans, il
tombe au lieu-dit des Arrestieux, commune de Vensac 1 . Une stèle
commémorative
sera érigée sur le lieu même, le 13 juillet 1947.
"

Léo Neveu, auto-portrait peu avant 1930,
report en encre grasse sur bois, 30x40 cm (Archives familiales Emile
Rousset)
Biographie et photo recueillies par Aimé Nouailhas
Léo Neveu finira tué en 1944 dans le
maquis du Verdon alors que la ville d'Arcachon, occupée pendant
toute la seconde guerre mondiale, a déjà été
libérée. Sur sa tombe, une plaque rappelle que le photographe
est mort pour la France à 64 ans ... ou 63 ans selon que l'on
se réfère aux dates de la plaque ou à celles
du médaillon qui orne également sa tombe