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Le roi et l'archiduchesse

Arcachon abrite les amours naissantes du roi d'Espagne et de l'archiduchesse Marie Christine.

Août 1879 : dans la torpeur de l'été, un jeune homme et une jeune femme apprennent à se connaître; ils sont promis l'un à l'autre, il est roi, elle est archiduchesse et c'est à Arcachon qu'ils sont venus faire plus ample connaissance avant un mariage forcément arrangé.

Alphone XII, roi d'Espagne, est veuf à 21 ans, Marie Christine d'Autriche a elle aussi 21 ans. Alphonse veut aller faire sa cour à Vienne quand il apprend que Marie Christine va venir, sur avis médical, séjourner à Arcachon.

Voyageant sous le nom de marquis de Cavadonga, le roi arrive à Arcachon le 22 août 1879. L'archiduchesse y est déjà depuis une dizaine de jours, installée dans la villa Bellegarde, près de la villa Monaco, en ville d'hiver, occupée par le roi. Les 23 et 24 août, les deux fiancés se rendent visite et remplissent leurs obligations protocolaires; ils sont aussi les hôtes de la famille Pereire, et se promènent des journées entières dans le parc du vaste domaine Pereire, au bord du bassin, à l'abri des regards et des paparazzi de l'époque.

En ville d'hiver, les deux jeunes fiancés résident à quelques dizaines de mètres l'un de l'autre, lui dans la villa Monaco, elle dans la villa Bellegarde:

Monaco
Monaco
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Bellegarde
Bellegarde
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Arcachon les deux amoureux
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Leur hôtesse, Cécile Rhoné, fille d'Emile Pereire, fait un récit détaillé de ces journées dans des lettres à sa soeur Fanny.

Voici ces lettres que m'a prêtée un descendant de Cécile Rhoné, Antoine Desforges. Merci à lui.

Cécile Rhoné
Cécile Rhoné
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ARCACHON-AOUT 1879

VISITE DU ROI D'ESPAGNE A LA VILLA PEREIRE

Lettres Mme Charles RHONE née PEREIRE à sa soeur Mme Isaac PEREIRE née Fanny Pereire.

Dimanche 24 Août 1879

Je profite de ce que tout sommeille encore, pour vous raconter la journée d'hier. Je vous ai dit, je crois, que le Duc Decazes était venu me dire que le Roi acceptait ma proposition et qu'il me ferait dire à quelle heure il viendrait.

Alphonse XIIA deux heures et demi, le Marquis de Molins, son Ambassadeur, et le Duc Decazes, sont venus me rendre visite; le Marquis ressemble à Salvador et a sa bonne figure. Il a été d'une amabilité extrême et m'a dit que le Roi le chargeait de me remercier de tout son coeur; et qu'il viendrait à 4 heures avec l'Archiduchesse.

J'ai offert de mettre à sa disposition mes voitures et j'avais fait préparer un Lunch; mais n'anticipons pas. J'ai ajouté: le Roi sera chez lui, personne ne rencontrera S.M. Alors je lui ai fait visiter tout le rez-de-chaussée, lui ai indiqué la sonnette et lui ai dit que mes domestiques seuls répondraient à son appel et seraient à ses ordres. J'ai oublié de vous dire que le Marquis de Molins m'avait dit : j'accompagnerai le Roi.

Il m'a encore beaucoup remerciée et le Duc Decazes a dit devant moi: "Il est juste que le Roi visite la Villa Pereire, car sans ces Messieurs, le Chemin de Fer du Nord de l'Espagne n'aurait pas transporté S.M. si promptement dans la Ville créée par Mr. Emile Pereire".

Aussitôt ces Messieurs partis, j'ai fait dressé le Lunch, garni de fleurs aux couleurs espagnoles: rouges et jaunes; et je t'assure que cela avait fort bon air. J'ai oublié de vous dire que le Marquis de Molins avait été émerveillé de la vue du chalet; il m'a dit en partant: " C'est une villa de Fée et un rêve réalisé ". Le fait est, que c'est très beau et le parc en ce moment est splendide. Toutes les allées avaient été balayées ad hoc, les fleurs sont épanouies et le temps magnifique.

A quatre heures, l'Archiduchesse, sa mère et deux dames d'honneur sont arrivées les premières, je ne m'explique pas pourquoi, sans un homme, sans même un domestique, dans une voiture d'Arcachon. Elles n'ont pas voulu entrer dans la Villa, se sont promenées à pied tout autour, puis se sont assises sur un banc; elles ont attendu le Roi plus de dix minutes.

La voiture du Roi est arrivée; toujours une voiture à toit d'Arcachon. Il était avec le Duc de Sesto et le Marquis de Molins, sans valet de pied.

Il a sauté lestement de voiture, a été au devant de ces Dames; leur a présenté le Duc et le Marquis, puis comme un étudiant en vacances Marie Christineallant à droite, à gauche. Enfin, il introduit les Archiduchesses dans le salon, il a visité le billard, le petit salon; il touchait à tout, s'asseyait sur chaque chaise; l'Archiduchesse était aussi très gaie. Elle n'est pas jolie, mais gracieuse, mise avec une simplicité sans égale. Une robe de matin de Marguerite peut seule vous en donner idée : une robe de petite toile cotonnade à raies grises et filets groseille, une ceinture à boucle, la robe à pièce; un chapeau du Louvre avec une petite fleur; sa mère en robe de toile foncée à raies blanches, garnie de toute petite broderie anglaise. Une robe comme en porte en porte Melle Franceska (institutrice de ses filles).

On a servi le Lunch; la mère de l'Archiduchesse s'est assise au milieu, le Roi à sa droite, sa fille à côté du Roi. Il y avait deux grands fauteuils; le Roi ne s'est pas servi du sien. Toujours comme un enfant, le Roi a touché à tout, a mangé un éclair au café, puis une pêche; comme il a le bras en écharpe, c'est la jeune Archiduchesse qui la lui a pelée. Hypolite me disait après, cela m'a rappelé Mme Thurneyssen [Claire, sœur de Cécile]. Puis après avoir tout remarqué dans la salle à manger, on s'est levé et mes voitures se sont avancées.

Le vis-à-vis à quatre places à deux chevaux et le poney-chaise avec Soliman qui seront à jamais célèbres. La mère et l'Archiduchesse sont montées dedans, la mère conduisait et le Roi s'est mis sur le siège du groom, riant, s'amusant, comme quelqu'un qui n'en pas l'habitude. Les voilà tous les trois partis. Je fais signe à Albert de suivre avec la voiture, ce que voyant le Marquis de Molins, le Duc de Sesto et les deux dames montèrent prestement dedans et les suivent. Il faut vous dire qu'au moment où les Archiduchesses sont montées, un domestique a été expliquer la mécanique pour enrayer; alors le Roi l'a examinée, a dit en Français: "Tiens, je ne connais pas ce système là; c'est moi qui le ferait marcher et puis si nous versons ce ne sera pas la première fois."

Alphonse XIIJ'avoue que je n'étais pas très tranquille, mais cela s'est admirablement passé; mon domestique Albert qui est très intelligent, descendait de la deuxième voiture à chaque descente et surveillait la mécanique; le Roi en le remerciant lui dit: "mais j'ai déjà versé trois fois, je m'y connais, et même je me suis cassé le bras". Albert lui répond: "II n'est pas nécessaire que Votre Majesté se casse l'autre ici dans le Parc."

Ils sont restés plus d'une heure à parcourir le parc ainsi, admiraient beaucoup , puis ils sont revenus à la Villa et après avoir congédié les voitures, sont allés à pied du côté de la cabane de Goudon - à 6 heures et demi ils sont partis.

J'avais fait garder les deux grilles du parc et il n'y avait personne dans le parc.

Je m'étais réfugiée avec Marguerite et mes demoiselles d'honneur, au 1er étage, où nous avons tout vu et on ne nous a pas aperçues. J'ai envoyé Albert [Thurneyssen, beau-frère de Cécile], le soir, raconter au Duc Decazes la visite et prendre les ordres pour aujourd'hui. Le Marquis de Molins y était et lui a dit que le Roi avait été enchanté, ravi, qu'il voulait recommencer aujourd'hui et que lorsqu'on lui avait demandé des ordres pour commander son train de retour, il avait répondu : qu'on me laisse tranquille, je me trouve bien ici, maintenant que je puis me promener dans le parc de la Villa Pereire.

Albert doit aller ce matin prendre les ordres chez le Marquis. Il ira aussi à 11 heures rendre ses devoirs au Duc de Sesto pour le remercier de ce qu'il a fait pour Emile [frère de Cécile] en Espagne.

Je ne vous ai pas parlé d'Albert, parce qu'il était parti le matin à 8 heures pour une chasse aux petits papiers et qu'il n'est rentré qu'à 6 heures. Il ne savait pas que le Roi viendrait.

Je crois vous avoir à peu près tout raconté. Je vous ai expédié une dépêche d'hier; mais je doute que vous l'ayez reçue; tous les reporters s'emparent du Télégraphe.

Albert revient de chez le Marquis de Molins, qui lui a annoncé que le Roi viendrait me rendre visite, à 4 heures et qu'après, il se promènerait dans le Parc.

Alphonse XII

Lundi 25 Août 1879

Je reprends la suite du récit des évènements qui se sont passés hier.

Le Marquis de Molins m'a fait savoir à une heure que le Roi viendrait me rendra visite à 4 heures.

A 4 heures précises, il est arrivé avec les deux princesses, la mère et la fille, sa fiancée, sans aucune suite, pas même un domestique. Eux seuls et c'était assez.

Il est descendu prestement de voiture et a offert sa main aux princesses. J'étais naturellement sur le perron et me suis avancée au-devant de S.M. Félix, Marie [fille de Cécile], Marguerite et Albert [neveu de Cécile] étaient derrière moi. Le Roi m'a présenté sa fiancée, la princesse Mère ; je lui ai présenté mes enfants et Albert et nous sommes entrés au grand salon, où le Roi s'adressant à chacun de nous nous a demandé de nous asseoir, il a voulu passer le dernier après Marie, Marguerite et moi.

Il m'a beaucoup remercié; vu de près il est charmant et des plus sympathique. Il est resté une heure 20, causant comme un jeune homme heureux d'être reçu dans une famille amie. Il nous a raconté son dernier accident, qui aurait pu être grave, nous a dit: "Ah, si dans mon métier, on pouvait avoir seulement deux mois de vacances, comme je serais heureux, j'irais les passer à Paris." Il a parlé de tout, des chemins de fer, des tramways, de l'Isthme de Suez, de l'Isthme de Panama, a demandé à Albert ce qu'il faisait, à Marie si elle avait beaucoup voyagé avec son mari, du téléphone, et à ce propos, il nous a dit qu'il était probablement un des premiers qui s'en fut servi, qu'il en avait fait installer un à Aranjuez, lors de ses fiançailles avec Mercedes; il nous a parlé de la mort de sa belle-soeur, de sa soeur. A Albert, il a parlé chasse à courre, chasse au tiré; il nous dit qu'il espérait bien pouvoir ouvrir ses chasses le 10 Septembre... le fusil sur son épaule démise; nous nous sommes permises de lui dire que ce n'était pas bien raisonnable; nous causions comme de vieilles connaissances et si de temps en temps on n'entendait l'un de nous dire "Votre Majesté" personne n'eut pu se douter que nous causions avec un Roi. Il m'a dit qu'il trouvait ce pays charmant, qu'il viendrait le voir au clair de lune à 11 heures du soir; puis en se retournant vers la Princesse d'une façon charmante: "Nous y reviendrons certainement". Je lui ai dit que j'espérais alors qu'il me ferait l'honneur d'accepter l'hospitalité complète. Il m'a remercié en ne disant pas non, avec une grâce parfaite.

Au bout d'une heure de cette visite, nous sommes passés dans la salle à manger où trois couverts se trouvaient mis; après nous avoir engagées à nous asseoir (dans un cercle éloigné de la table) nous avons assisté au goûter du Roi, auquel je vous assure, il a fait honneur; il a mangé de tous les fruits. Il paraît qu'il les aime beaucoup. J'avais des brugnons; il ne les connaissait pas. Il en prend un qui n'était pas très mûr, mais dont le goût lui plaisait. Je vois qu'il avait envie d'en avoir un autre, je me lève, lui en choisis deux mûrs et il les a mangés tout en me remerciant et en riant.

(Je lui en envoie une corbeille ce matin)

Les princesses goûtaient aussi, surtout la mère qui parle beaucoup, même quand le Roi en fait autant.

Ces Dames avaient fait une véritable toilette pour me rendre visite,
toilettes simples, mais de bon goût; la princesse était en blanc et avait un charmant chapeau garni de mousseline blanche et de roses mélangées; elle est beaucoup mieux de près et a une figure très sympathique.

Après 20 minutes de goûter, on a fait avance le poney-chaise et les princesses m'ont donné la main, le Roi aussi m'a remercié et m'a donné la sienne, il a salué mes filles et a sauté sur le siège du poney; à peine 10 minutes après, le poney-chaise est revenu vide. Il l'avait renvoyé pour se promener seul à pied avec la Princesse et sa mère. Je ne sais combien ils sont restés, mais je crois qu'ils ne sont rentrés à leur villa que pour l'heure du dîner.

J'ai oublié de vous dire qu'il nous a demandé à faire aujourd'hui une promenade dans "la Brise".

J'ai alors pris à mon tour le Poney-chaise avec Albert et nous avons été prendre toutes les mesures nécessaires pour satisfaire au désir du Roi.

Hier au soir, j'ai déjà fait un pavillon espagnol, pavillon maritime qui n'est pas toux à fait comme le drapeau national, il est probable qu'Albert aura l'honneur de conduire le Roi.

Je te demande, ma chère Fanny, [soeur de Cécile Rhoné qui avait épousé Isaac Pereire son oncle], de me garder ces deux lettres et les suivantes; je n'ai pas le temps d'écrire des mémoires, mais tous ces souvenirs seront agréables à lire dans mes vieux jours. Je désire aussi qu'aucun de ces détails paraissent dans un journal.

Alphonse XII

Vendredi 29 Août 1879

Tout est bien qui finit bien; Le Roi est parti ce matin pour la Granja; les Archiduchesses pour Vienne en passant par Bordeaux et Paris. Je respire plus à l'aise et suis heureuse de tout ce qui s'est passé, sans un nuage, sans un regret. Dieu veuille que ce soit pour leur bonheur et celui de leurs sujets.

Depuis ma deuxième grande lettre, voici ce qui s'est passé.

Lundi et Mardi le Roi a visité Arcachon, La Teste, le Moulleau. Il a été avec la barque de la Douane à la chapelle des Dominicains, puis il a reçu des Espagnols à sa villa.

Mercredi, il s'est promené dans le parc pendant 2 heures et demi à pied avec l'Archiduchesse: sa mère et une Dame d'Honneur dans le Poney-chaise les suivaient de fort loin, on a été au banc des Amoureux, puis après avoir marché dans des petits sentiers, on est arrivé chez mon résinier, au bord de la mer, et là ils se sont assis. Une troupe de Dauphins (marovinins) leur a donné une représentation inattendue; mais qui les a énormément amusés. Les jeunes têtes couronnées riaient à coeur joie; ils n'en avaient jamais vus. Puis le Roi et l'Archiduchesse s'apercevant que mon poney Soliman avait des mouches, se sont mis chacun de leur côté à l'en débarrasser et leurs mains étaient toutes en sang. Il se sont informés de qui cette cabane était la demeure; ont donné la chasse aux poules; enviaient-ils peut-être à ce moment-là la chaumière où ils auraient voulu abriter leurs coeurs ?

Jeudi à la même heure, vers 4 heures, ils sont arrivés tous les trois seulement et sur l'indication de mon domestique Albert, ils se sont promenés et assis dans le petit sentier de Papa et de Maman, qui domine Arcachon, et qui aboutit au Kiosque. Ils en sont partis fort tard pour aller dîner. C'est certainement là qu'ont eu lieu les derniers épanchements, les derniers adieux loin des regard indiscrets.

Le Duc Decazes qui est venu me voir avant le dîner m'a dit que ce matin en se quittant les jeunes gens avaient été très émus et qu'ils s'étaient quittés heureux, mais les larmes aux yeux. Le mariage aura lieu probablement le 28 Novembre, jour de la naissance du Roi.

Alphonse XII Ce matin, Vendredi à 8 heures et demi un train spécial attendait Sa Majesté, pour la conduire à Lamothe, où le wagon Royal devait s'attacher au train poste ordinaire.

Albert a été saluer le Roi, qui lui a donné la main en le chargeant de me remercier encore tout particulièrement, ajoutant que si jamais nous venions en Espagne, il espérait pouvoir nous recevoir aussi aimablement que nous l'avons reçu. Le Duc de Sesto lui a dit qu'il espérait aussi qu'il viendrait au mariage du Roi.

J'avais fait demander à quelle heure partait les Archiduchesses, elles prenaient le train de 4 heures. J'ai été attendre à la Gare où j'étais seule avec la famille de Molins.

Les Archiduchesses sont arrivées 25 minutes avant le départ du train, par le bureau du Chef de Gare; aussitôt qu'elles m'ont aperçue, elles sont venues successivement me prendre la main et me remercier de tout ce que j'avais fait pour elles. La jeune Archiduchesse m'a dit : "Le Roi vous remercie et vous en est très reconnaissant". Le Marquis de Molins a présenté une famille espagnole, je me suis mise à l'écart, au moment du départ, elles se sont encore avancées chacune vers moi, m'ont encore tendu la main avec des compliments les plus aimables. En répondant à la Fiancée du Roi, je lui ai dit : "J'espère que si la Reine d'Espagne fait encore l'honneur à Arcachon de la visiter, elle voudra bien accepter l'hospitalité complète à la villa Pereire". Elle m'a fait un sourire des plus gracieux en inclinant la tête en signe d'acquiescement. Puis elles sont montées dans leur simple compartiment, l'Archiduchesse Marie-Christine s'est tenue à la portière, causant avec nous et, jusqu'au dernier moment, nous faisant avec ses mains des adieux des plus aimables.

Le Marquis de Molins les accompagnait jusqu'à Paris. Lui aussi m'a dit : "Le Roi m'a chargé de vous remercier de tout son coeur". Il dit à Albert : "J'espère vous voir à Paris."

Hier le Comte et la Comtesse de Luna, son fils et sa belle-fille m'ont fait demander s'ils pourraient venir aujourd'hui me rendre visite. Ils sont venus à 5 heures, m'ont dit qu'ils seraient bien heureux si je venais à Madrid de m'en faire les honneurs et si j'avais des commissions qu'ils s'en chargeraient avec plaisir.

Chalet PereireLa Villa va devenir le pèlerinage de tous les Espagnols. J'ai reçu depuis hier, je ne sais combien de demandes - entre autres du Correspondant de l'Illustration Espagnole qui a déjà envoyé la photographie de la Villa à Madrid, mais qui désirerait celles du grand salon et de la salle à manger. Je vais essayer de les faire faire. Je les enverrai si elles réussissent au Duc de Sesto qui en fera l'usage qui lui conviendra. Je ne veux pas faire une chose qui pourrait contrarier le Roi. J'ai réussi jusqu'à présent à ne pas être le jouet des reporters , je préfère rester ainsi.

 

De cette union vont naître trois enfants, deux filles Maria Mercedes et Maria Teresa en 1880 et 1882 et un fils posthume, le futur Alphonse XIII, en 1886.

Alphone XIII
Alphonse XIII, roi à sa naissance.

Le sang royal n'empêche nullement la vacherie; lisez donc ce qu'écrit de sa belle soeur et de son frère, l'infante Eulalie :

..."l'empereur donna son approbation au projet et dans le courant de l'été 1878 [1879], l'archiduchesse Isabelle et sa fille partirent pour Arcachon. C'est là que devaient se rencontrer les futurs époux, presque fiancés d'avance. Le public n'était pas au courant des pourparlers, le projet matrimonial n'avait pas transpiré mais Arcachon, foire aux vanités, plage élégante de l'époque, petite colonie cosmopolite, se rendit promptement compte de ce qui se passait et la nouvelle circula bientôt en Espagne sans que la cour démentit le bruit."

[...]"...Marie-Christine était mince, elle avait des traits anguleux, de grands yeux clairs, peu expressifs; elle était de taille moyenne et ressemblait plus à son père qu'à sa mère; cette dernière attira l'attention de tout Madrid par son élégance, sa beauté et sa distinction.. Le contraste entre la mère et la fille, Alphonse nous l'avait déjà annoncé, dans une lettre écrite d'Arcachon, où il nous décrivait sa future épouse et sa future belle-mère." "Bien que la mère me plaise davantage, nous disait-il avec sa franchise amusante et familière, c'est la fille qu'il faut épouser."

"Mémoires de SAR l'infante Eulalie 1868-1931"
Plon 1935


La princesse Eulalie en 1908

La Princesse Eulalie aimait elle aussi séjourner sur le bassin, où elle louait la villa Sans Souci à La Hume:

Sans Souci
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Sur cette carte, la princesse nous livre ses projets pour l'été 1933: elle ira d'abord en Belgique puis en Bavière avant de revenir à l'automne dans sa villa...

Verso
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Pour vous éviter un torticolis, voici le précieux texte à l'endroit:


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Le roi Alphonse XIII viendra trois fois à Arcachon, dans la ville où ses parents se sont rencontrés, en 1907, 1910 et 1927. Et pour notre bonheur, la carte postale vivait son âge d'or, qui a permis à Guillier d'immortaliser une de ses visites:

Visite du roi au Moulleau
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Visite du roi au Moulleau
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Extrait
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7/01/14

 

 

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